LA CATHÉDRALE INSOLITE
NOTRE-DAME D'AMIENS
EXTÉRIEUR
TRADITIONS, CURIOSITÉS ET LÉGENDES
Bibliographie partielle :
Descripton de la Cathédrale d'Amiens par Maurice Rivoire-1806
Notice sur la cathédrale d'Amiens par Hyacinthe Dusevel-1839
Le sanctuaire de la Cathédrale d’Amiens par Edmond Soyez- 1878
Notice par Edmond Soyez dans la Picardie Monumentale et Historique. 39 pages. Tome1- 1893-1899
Monographie de l’église Notre-Dame d’Amiens par Georges Durand. Mémoires in quarto de la SAP- 3 tomes- 1901
Description de l’église cathédrale Notre-Dame d’Amiens, par J. Baron- 1900
Légendes, traditions et propos populaires sur la Cathédrale par Octave Thorel- Bulletin SAP- 4° trimestre 1910.
La Cathédrale d'Amiens- Ouvrage collectif- Catalogue de l'exposition organisée par le Musée de Picardie-1980-1981
Légendes autour de la Cathédrale par Jean Macrez et Pierre-Henri Soufflet-1983
La Cathédrale Notre-Dame d’Amiens par Maurice Duvanel et Jean Macrez- 1987
Amiens- la Cathédrale peinte- Ed. Perrin- 2000
La grâce d’une Cathédrale : Amiens. Ouvrage collectif. Ed. la nuée bleue-2012
On vient du nord ou de l'ouest, mais longtemps on l'a devinée de loin, on a aperçu sa flèche ou ses tours, la pierre blanche derrière la brique, derrière les arbres, on sait qu'elle va dévoiler son mystère, celui de son histoire, des bâtisseurs du Moyen-Age, des génies de la pierre.
On la voit surgir derrière les toits pointus des petites maisons de Saint-Leu bien rangées au bord du canal quand on arrive par le nord, et peu a peu elle se livre, les arbres qui caressent sa pierre, la tour qui embrasse les nuages, il faut monter les marches et la contourner par l'impasse Joron, ou bien en l'approchant par sa façade occidentale, de la rue André ou de la rue Dusevel, on prend en plein regard l'apparition qui nous coupe le souffle, souffle de l'immense beauté, de l'infini secret. C'est la grâce superbe et magistrale qui s'offre dans la lumière d'une fin d'après-midi, blanche de pierre et sculptée de dentelles. C'est dans une sorte de vertige qu'on a besoin d'aller s'asseoir sur un des bancs du parvis, de contempler et de méditer, de s'émerveiller devant ce vaisseau qui a résisté à toutes les tempêtes, à tous les assauts, à tous les désirs de destruction, qui est venu du fond des temps nous parler de mystère, de beauté, de poèmes ancestraux, de mémoire et de légendes.
AMÉNAGEMENT DES ABORDS DE LA CATHÉDRALE
L’aménagement des abords de la cathédrale est un sujet de polémique depuis la seconde moitié du 19° siècle.
Dès 1841, l’isolement de la Cathédrale est déjà envisagé, même si le principe de dégager la plus belle Cathédrale de France n’est établi qu’en 1859. A cette époque, une pétition recueille plus 1500 signatures et plus de 10000 francs de dons. En 1860, une brochure démontre que cette voie magistale donnera de l’air, du mouvement et de la vie à notre Cathédrale.
1865 : Herbault, l’architecte amiénois très engagé dans ce projet, propose une mesure spectaculaire en expropriant 40 maisons pour créer un parc de 5500 m2 avec au milieu la statue de Robert de Luzarches. Mais, en 1869, le conseil municipal refuse le principe de cette grande place pour des raisons financières.
Le projet est cependant relancé en 1871 par Herbault : « Nous jetterons bas les dernières murailles qui masquent le portail et alors notre incomparable basilique apparaîtra aux yeux émerveillés dans toute sa majesté ».
Mais l’architecte diocésain Massenot, soutenu par Viollet-le-Duc, change d’avis.
En 1876, alors que René Goblet était maire, la municipalité décide de réduire la place à 60 mètres avec deux rues obliques. L’architecte Edmond Douillet est chargé de construire une rangée de maisons à 55 mètres de la façade, qui verront le jour, en 1902. Il construira une maison pour lui et n’oubliera pas d’y mettre la statue de Robert de Luzarches dans l’angle du pignon.
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ROBERT DE LUZARCHES
On ne sait pratiquement rien sur Robert de Luzarches, premier architecte de la Cathédrale, que les sculpteurs Gédéon de Forceville, Valentin Molliens et Albert Roze ont cependant immortalisé dans la pierre.
Sa vie a donc donné lieu à de nombreuses légendes. L’une d’entre elles a été écrite par Edouard Boucher, curé de Saint-Roch d’Amiens et lue à la séance publique du 20 décembre 1903 de l’Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d’Amiens, où notre curé (directeur de l’Académie) prend la précaution d’avertir le lecteur, en ces termes : « Les uns penseront que ce discours académique est œuvre de pure imagination ; ils se tromperont ; d’autres, qu’il est de pure érudition, ils se tromperont également. La vérité ici, comme souvent, se trouve dans le juste milieu ».
Malgré cet avertissement, on s’aperçoit à la lecture de ce discours que tout ce qui concerne Robert de Luzarches réside dans l’imaginaire d’Edouard Boucher.
Les travaux de la Cathédrale sont commencés depuis deux ans. En voulant attacher le bouquet, qui à 150 pieds de hauteur couronne le gros œuvre, Robert de Luzarches glisse et tombe dans le vide. On veut relever le Maître, mais il est mort. Il sera enterré dans le soubassement du portail du midi et on placera devant lui une longue dalle avec la truelle, symbole des bâtisseurs. Plus tard, au-dessus du portail sur un bandeau de pierre, on gravera son épitaphe. (1)
Dans la bouche de Jean Macrez, le chantre des stalles, la légende devient pour ceux qui l’accompagnent dans ses visites, vérité historique.
(1) Les chanoines Joudain et Duval (1846) et Edmond Soyez (1896) étaient arrivés à la même conclusion
EXTÉRIEUR
LE GRAND PORTAIL: LE PORTAIL DU "BEAU DIEU"
La légende du Beau Dieu
Pendant les travaux de construction de la Cathédrale, il y avait un beau jeune homme qui était continuellement sur le chantier. Nul ne savait quand il arrivait, ni quand il partait. Autre intrigue, il ne se rendait jamais au « Puits de l’Oeuvre » pour toucher son salaire. Il parlait peu, mais savait se servir avec une grande habileté de tous les outils.
Quand Robert de Luzarches voulut orner le portail de la Cathédrale de la plus belle des statues, il se mit à la recherche d’un modèle. Les compagnons lui proposèrent ce bel ouvrier et la pierre prit la forme de ce qu’on appelle aujourd’hui, le « Beau Dieu ».
Quand la foule admirative put contempler le chef d’œuvre, le bel ouvrier avait disparu comme il était venu…
Ainsi appelé, le « Beau Dieu », à la figure sereine et rayonnante, bénit de la main droite et tient le Livre de la main gauche. Ses pieds écrasent le dragon et le lion.
Dans les écritures hébraïques, le dragon, c’est le mal. Si le lion est l’image de la force et du courage, il est aussi l’instrument de la mort et de la destruction, comme nous le rappelle l’ancien testament : « Puisque tu n’as pas écouté la parole du Seigneur, un lion t’attaquera et te tuera ». (1 Rois-20/36)
Le « Beau Dieu » repose sur un piédestal dans lequel les archéologues ont cru reconnaître le roi Salomon, bâtisseur du temple de Jérusalem. Sous les pieds du Christ, un cep de vigne, en écho à la parole du Seigneur après la Cène : « Je suis la Vigne ».
Sur les faces latérales du socle, un vase de lis et un vase de roses. Le lis, symbole de la pureté et la rose symbole du martyre étaient les fleurs préférées du Moyen Age chrétien.
Le basilic et l'aspic sont des animaux imaginaires, symboles de la mort, qui figurent de chaque côté du socle sur lequel repose le Beau Dieu.
Si le basilic a une tête de coq et une queue de serpent, l'aspic ressemble à un gros lézard avec une tête de chien. Il colle l'oreille au sol pour ne pas entendre, geste symbolique du pêcheur sourd aux paroles de vie.
Premier niveau : le fils de l’homme apparaît dans les nuées du Ciel, tandis que deux épées sortent de sa bouche selon le texte de l’Apocalypse. Deux anges, l’un avec la Lune, l’autre avec la Soleil, l’accompagnent.
Le tympan du grand portail de notre cathédrale est entièrement consacré au jugement dernier, avec une préfiguration du Paradis et de l’Enfer.
Deuxième niveau : au tribunal, le souverain Juge prend place entre la Vierge et saint Jean, tandis que les anges portent les instruments de la Passion.
Le troisième niveau de cette sculpture nous montre les « damnés » d’un côté et les « justes » de l’autre. Sur la gauche, on distingue parfaitement saint Pierre, qui porte les clés du paradis et un ange avec dans la main la couronne réservée aux élus. Entre cet ange et saint Pierre, on reconnaît un franciscain, qui n’est autre que François d’Assise. Il est à peu près prouvé que la sculpture de François a été réalisée au moment de sa canonisation, entre 1230 et 1240 et qu’elle est donc la plus ancienne représentation que l’on possède aujourd’hui. (article de Philippe Dubois, Bulletin de la SAP des 3° et 4° tr 2010)
« Habemus Papam! » « Nous avons un pape! ». Petit clin d’œil de l’Histoire, au moment où le nouveau pape choisit de vivre son pontificat sous le nom de François, en référence à saint François d’Assise.
Mis en ligne, le 14 mars 2013
Troisième niveau : à droite, les damnés, complètement nus sont poussés par les diables dans la gueule du monstre marin qui avale les âmes tandis que sur la gauche, les élus s’avancent vers le Ciel avec des vêtements de fête.
Quatrième niveau : la résurrection. Les morts sortent de leurs tombeaux. Quatre anges soufflent dans leurs trompettes.
Au centre, saint Michel pèse les bonnes et les mauvaises actions dans une balance, où un ange et un diable cherchent à tirer à eux les plateaux. Dans le plateau le plus lourd, un «Agneau de Dieu» et dans l’autre, une tête de diable.
L'Enfer et le Paradis
On observe dans les premières sculptures de la voussure de droite des scènes infernales d'une grande énergie: le supplice des réprouvés, la chaudière, les chevaux de l'Apocalypse et un diable tirant à l'arc.
Les quatre anges dans l'encoignure du grand portail apportent couronne et encens.
La couronne apportée au Beau Dieu désigne la majesté du Seigneur.
L'encens symbolise la prière et la montée au Ciel.
Dans le chambranle du grand portail, se trouve représentée la parabole des vierges sages et des vierges folles. A la droite du "Beau Dieu", cinq vierges sages tiennent leur lampe bien droite comme une réussite de leur vie, tandis qu'à gauche, les cinq vierges folles ont renversé leur lampe, symbole de leur vie manquée
Tout en bas, de chaque côté du grand portail se trouvent le "bon" et le "mauvais" arbre. L'un est vigoureux, couvert de fruits et les oiseaux viennent s'y réfugier. Il apporte aussi la lumière avec les deux lampes suspendues à ses branches comme pour recueillir l'huile provenant de ses fruits.
L'autre, le "mauvais" arbre a ses branches sans feuilles, la hache a déjà attaqué son tronc et le bois est destiné à être brûlé.
LES SIGNES DU ZODIAQUE
Le « Sacré » a fait place au « Profane », sur la gauche du portail de Saint-Firmin, avec les signes du Zodiaque. Les Picards retrouvent la représentation de leurs travaux, de leurs peines et de leurs réjouissances selon le cycle des mois en lien avec le Ciel et la Terre.
LES FABLES D'ÉSOPE
Deux fables sont représentées dans un demi-quadrilobe:
1) Le Loup et le Héron (fable d'Esope)
Un loup, ayant avalé un os, allait partout cherchant qui le débarrasserait de son mal. Il rencontra un héron, et lui demanda moyennant salaire d’enlever l’os. Alors le héron descendit sa tête dans le gosier du loup, retira l’os, puis réclama le salaire convenu. « Hé ! l’ami, répondit le loup, ne te suffit-il pas d’avoir retiré ta tête saine et sauve de la gueule du loup, et te faut-il encore un salaire ? »
L'ANCIEN TESTAMENT DANS LES QUADRILOBES
Jonas
Jonas est un prophète qui essaie en vain de ne pas obéir à Dieu. Il passe trois jours et trois nuits dans le ventre d’une baleine. Jésus s’appuie sur cette aventure pour annoncer sa propre résurrection
La bible, le livre de Jonas-II-1
La fuite en Egypte
Dans l'ébrasement droit du portail de la Mère-Dieu, on remarque ce petit âne qui emmène la Sainte Famille en Egypte, une sculpture pleine de charme.
La bible, Matthieu, II-13 à 15
Derniers quadrilobes à droite du portail de la Mère Dieu
Dans cette époque troublée, racontée dans l’Ancien Testament, le prophète Osée, s'offre pour quelques pièces d'or une courtisane qui se nomme Gomer. Car Dieu parle à Osée en ces termes : « Va ! Prends une femme prostituée. Elle te donnera des enfants bâtards qui te seront infidèles eux-aussi. De la même manière mon peuple s'est détourné de moi et ne m'a pas été fidèle ». Le livre d'Osée I-2
Osée épouse Gomer et ne cesse jamais de l'aimer, même si elle continue, lors des fêtes de printemps, les pratiques indigènes d'union sexuelle entre pèlerins. Elle dit : « je suivrai mes amants, ces dieux qui me donnent mon pain, mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et mon vin ». (II-7). Le prophète inaugure ainsi le thème nuptial de l'Alliance, qui sera repris abondamment par les autres prophètes.
VIOLLET-LE-DUC (1814-1879)
Viollet-le-Duc, architecte de la Cathédrale de 1849 à 1874, a marqué de son empreinte la restauration du prestigieux monument, au sens premier du terme. Il a fait sculpter son visage dans un cul-de-lampe sous la statue du prophète Nathum, à l’angle du grand portail, avec son regard tourné vers d’autres prophètes comme pour signifier : « Voilà mon œuvre !». Les frères Duthoit ont exécuté les ordres du Maître, qui a ainsi laissé sa signature sur le monument, comme il l’avait fait à Notre-Dame de Paris, quand il avait fait remplacer le visage de saint Thomas, patron des architectes, par le sien.
L'OCTOGONE DU PARVIS
L’octogone du parvis construit vers 1860
Si vous admirez de près le portail du Beau Dieu, vous marchez sur l’octogone sans vous en rendre compte. Nous devons ce carré de pierre entouré de formes géométriques diverses à l’imagination de Viollet-le-Duc, dont on est sûr qu’il ne faisait rien par hasard. Est-il là cet octogone pour simplement briser la monotonie du pavage ? A-t-il un rapport avec la pierre octogonale du labyrinthe ? Pouvons nous y voir un message religieux ou un symbole ? Autant de questions qui pour l’instant n’ont pas trouvé de réponses.
LA FAÇADE LATÉRALE NORD
Les mèches de la barbe, et l'agneau blotti sur la poitrine de saint Jean-Baptiste sont remarquables
"Je suis belle, Ô mortels ! Comme un rêve de pierre". Baudelaire: "La Beauté"
La façade Nord se caractérise par la présence d'un "beau pilier", construit vers 1375 pour soutenir la tour Nord de la façade occidentale. Il est orné de neuf statues remarquables, principalement celles de saint Jean-Baptiste et de la Vierge Marie.
Pour St-Jean Baptiste, les exécutions de la chevelure et de la barbe sont parfaites avec de longues mèches qui accentuent les ombres pour donner du relief à la statue. Le sculpteur a su rendre la douceur avec laquelle il regarde l'agneau qu'il tient contre lui.
Quant à la Vierge Marie, refaite entièrement par les frères Duthoit, en 1859, c'est un des plus beaux drapés de vêtements de la Vierge de toute la Cathédrale.
LA FAÇADE LATÉRALE SUD
Cathédrale Notre-Dame: les cadrans solaires de la façade sud
Sur le premier contrefort de la façade sud, un ange déploie ses ailes et désigne d'un doigt, le ciel et l'éternité. Le support de cette statue est un superbe cadran solaire à six divisions. Appelé canonial, il était censé donner les heures des offices.
Ces deux cadrans sont situés sur le contrefort sud de la nef, l'un est peint, l'autre est gravé sur la pierre, mais les lignes sont difficilement visibles.
Cathédrale- Rue Cormont
Le crochet de fer, appelé havet en vieux français, est fixé sur le côté droit de la cathédrale, rue Cormont, face à la rue Porion.
Fixé à deux mètres de hauteur environ, il a été placé aux temps de la Ligue, pour servir à barricader les rues. "Cette place est fameuse par la résistance que le peuple d'Amiens opposa au duc d'Aumale, le 9 août 1594. Ce chef des Ligueurs s'était emparé du parvis Notre-Dame pour s'y barricader avec 25 hommes"
"Description de l'Eglise Cathédrale d'Amiens" par Maurice Rivoire-1806
L'abbé Roze ajoute, en 1877, dans une brochure: "Visite à la Cathédrale": "Près du portail Saint-Christophe, un crochet de fer scellé dans le mur, aurait servi dit-on, à attacher le criminel condamné à faire amende honorable".
L’effigie du géant saint Christophe se voit sur la façade latérale Sud. « Qui a salué le saint au matin n’a nul accident à redouter pour le reste du jour » dit-on. Le salut du saint protège ainsi de la mort subite.
Cette statue de Saint-Christophe n'a pas la réputation d'un chef d'oeuvre, mais les pèlerins, accourus près de saint Firmin, de saint Jean-Baptiste de passage pour Rome ou Saint-Jacques de Compostelle, avaient besoin de se rassurer avant de ressaisir leur bâton.
L'inscription nous apprend que ce sont les marchands de waide des villages aux alentours d'Amiens qui ont érigé cette chapelle. La waide (isatis tinctoria) est une plante très cultivée en Picardie, dont on se servait beaucoup pour la teinture avant l'invention de l'indigo.
"LES BONES GENS DES VILLES D'ENTOUR AMIENS QUI VENDENT WAIDES ONT FAITE CHETE CAPELLE DE LEURS 0MONNES".
Les marchands de waide (en picard) ou de guède (en français), bienfaiteurs de la Cathédrale sont représentés par deux marchands, vêtus de surcots par-dessus leurs cottes. L'un a la tête nue, tandis que l'autre est coiffé d'un chaperon.
Illustration de la légende de saint Nicolas: il ressuscite trois enfants qui avaient été mis dans le saloir par le boucher.
LA PIERRE MYSTÉRIEUSE ET L'INSCRIPTION AU-DESSUS DU PORTAIL DE LA VIERGE DORÉE
Dans le soubassement gauche du portail sud de la Cathédrale, portail de la Vierge dorée, figure une pierre mystérieuse, qui a sans doute une relation avec l'inscription située entre la rosace et le gable du portail. Cette inscription qui s'étale sur une longueur de 12,60 mètres, a été relevée partiellement, en 1843, par une commission des Antiquaires de Picardie dirigée par les chanoines Jourdain et Duval.
"+EN L'AN D L'INCARNATIO VALOIT MCC et XX ROY.....LORS IFU RIMIST LE PREMIERE PIERRE IASIS LECORS ROBERT...+". Quelques certitudes au milieu des lacunes: la date (1220), un événement (la pose de la première pierre) et un nom (Robert) qui n'est autre que l'architecte de la cathédrale: Robert de Luzarches. Jourdain et Duval pensent que le coeur ou le corps du premier architecte a été déposé avec la première pierre au seuil du portail de la Vierge dorée (1) et Edmond Soyez fait la même supposition (2). L'inscription que l'on peut lire en 2012 date des travaux de réfection du pignon, en 1843. C'est un copié-collé des travaux des chanoines Jourdain et Duval.
Edmond Soyez écrit vers 1895 dans la PMH, Tome1, p.17: "Cette inscription commémorative de la fondation de la Cathédrale est d'une haute valeur historique". En 1901, cette affirmation est battue en brèche par Georges Durand dans sa Monographie de la Cathédrale (tome 1, p.24): "Avec des suppositions hasardeuses et peu plausibles, il faut considérer cette inscription comme nulle et non avenue".
Georges Durand porte un jugement sévère, car le lien entre le grès d'une longueur de deux mètres et l'inscription semble aujourd'hui bien établi.
(1) Mémoires de la SAP, tome 6, 1843, p. 127.
(2) Les labyrinthes d'Eglises, 1896, p.36
Reste le dessin sur la pierre, dont l'interprétation varie en fonction des siècles: Gilbert voyait un as de pique, Dusevel parle du coeur de Robert de Luzarches. Ernest Héren dans son histoire du grès en Picardie (Tome 5 de la SAP, p.526) affirme qu'il s'agit d'une truelle.
Le poisson a aussi ses adeptes. C'est le premier symbole du Christianisme. Les mots grecs "Iésous, Christos Theou Uios Sôter" qui signifient: "Jésus-Christ, fils du Dieu Sauveur" forment avec leur première lettre le mot "Ichtus" qui signifie "poisson". Les premiers chrétiens se sont servis de cet acrostiche pour témoigner leur foi".
ÉLÉMENTS BIBLIQUES SUR LE PORTAIL DE LA VIERGE DORÉE
Sculpture sur la 3e voussure gauche dans le tympan du portail de la Vierge dorée
Le 3e tableau fait suite à ceux inscrits dans les quadrilobes de la façade principale. Il représente Osée qui aime toujours Gomer, tentant de la ramener à celui qui seul peut lui donner le bonheur, en le rendant aux joies de leur première tendresse. Gomer est ainsi assimilée au peuple d'Israël. Le vieux prophète au visage barbu emmène sa femme par la main. Elle a le visage rond et épanoui exprimant une sorte d'inconscience dans le péché et relève de sa main droite un pan de sa robe, on devine à son sourire des pensées voluptueuses....«je le menais avec tendresse, avec des liens d'amour, comme un enfant, le soulevais jusqu'à ma joue, puis lui tendais sa nourriture». (XI-4)
Jonas déjà sculpté dans un quadrilobe de la façade principale se trouve encore dans une des voussures du portail de la Vierge dorée.
Jonas, après avoir désobéi à Dieu, s’est retrouvé pendant trois jours et trois nuits dans le ventre d’une baleine. Puis « l’Eternel » a ordonné à la baleine de rejeter Jonas sur le rivage ». Ce récit nous enseigne que personne n’échappe à Dieu et doit savoir se repentir. Jonas, II-1
LA ROSACE DU MIDI
La rose du Ciel
Des artistes voltigeurs tournent autour de la rosace, appelée ici la roue de la Fortune. Ceux de gauche, bien vêtus, épousent la forme de la Rose dans le sens de la montée. Cela évoque la marche vers le Ciel. Ceux de droite sont en guenilles et souliers percés et sont précipités la tête en bas, à l’image du dernier personnage, que rien ne retient plus et qui va s’écraser sur le sol.
LE PUITS DE L'OEUVRE
Le puits de l'œuvre: Ce puits, creusé au XIIIe siècle a été comblé, en 1851. Il porte ce nom en raison d'une table en pierre toute proche, qui symbolisait le travail ou l'œuvre. En effet, les ouvriers employés à la construction de la Cathédrale avaient coutume de se réunir autour de cette table pour y recevoir leur salaire. L'endroit est aujourd'hui matérialisé par une élégante plaque de marbre noir. Quel que soit l'endroit, l'eau ainsi puisée servait à la fois à désaltérer les ouvriers et les chevaux, mais elle était surtout utilisée par les maçons qui en avaient un besoin énorme pour ce gigantesque chantier.
LES FRISES DÉCORATIVES
Frise florale au-dessus de la galerie des rois, chercher les intrus ... un petit singe et un monstre
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Une guirlande de feuillages fait le tour de la Cathédrale au-dessus du triforium
GARGOUILLES
LA FLÈCHE
La flèche et ses abords
Petit diaporama reproduit avec l'autorisation du propriétaire du site:
Dans un souci d’élégance et de finesse, à quelques dizaines de mètres du fleuve Somme, par-dessus les immeubles, par-dessus les tracas, par-dessus les tombeaux et par-dessus les saints, pointée vers l’infini, la plus légère et la plus haute, la flèche cathédrale ornée de crochets sur ses arêtes transperce le ciel picard et flirte avec les nuages.
Sur une autre page, l'intérieur de la Cathédrale : TRADITIONS, CURIOSITÉS ET LÉGENDES et aussi les frères Duthoit à la Cathédrale