LA CATHÉDRALE INSOLITE
NOTRE-DAME D'AMIENS-
INTÉRIEUR
L'éblouissement qui suit la visite de l'extérieur de la Cathédrale, le vertige ressenti à en faire le tour le nez en l'air, font place à d'autres sensations dès qu'on pénètre dans le clair-obscur, dans la paisible fraîcheur de "l'empire absolu de l'élégance suprême" selon les mots d'Auguste Rodin. Devant nous, 133 mètres de perspective de pierre, 43 mètres de hauteur sous la voûte, 200000 m3 de volume intérieur ; d'immenses vitraux, la lumière essentielle, l'ombre incontournable, des colonnes qui semblent se perdre et disparaître sous les coupoles, les grandes arcades et les fenêtres hautes, le somptueux dallage et son labyrinthe, la pierre centrale, les rosaces...Voici le sanctuaire du mystère, des légendes, du talent, de la grandeur et de la noblesse des charpentiers, des maçons, des sculpteurs, des architectes, des hommes de Foi, qui mirent tout leur art, et tout leur coeur au service de cet édifice admirable. Continuons ensemble cette visite, qui va nous permettre de dénicher derrière ce merveilleux chef-d'oeuvre, les traditions, les curiosités et les légendes qu'il renferme.
La clé de voûte du Choeur
La clé de voûte du chœur en chêne sculpté est remarquable. Elle représente le Sauveur assis entre deux chandeliers, nimbé, tenant un globe dans la main et bénissant le monde, dans un quadrilobe inscrit dans un cercle.
Avec le carré de la Croisée inscrit dans un cercle et le plan des piliers, on établit la divine proportion appelée aussi le nombre d’or, qui est à l’origine de toute dimension esthétique. Ce nombre divin (1+racine de 5 /2) semble régir avec force et beauté, l’équilibre et la sagesse du monde.
Les tracés régulateurs de la cathédrale d’Amiens par Bernard Guillemin, bulletin de la SAP (1er trimestre 93).
LES ÉVÊQUES EVRARD DE FOUILLOY ET GEOFFROY D'EU
Les tombes en bronze des évêques fondateurs Evrard de Fouilloy et Geoffroy d’Eu sont parmi les plus vieilles et les plus belles de France. Quand on observe de près la tombe de Geoffroy d’Eu, on s’aperçoit qu’il manque deux doigts à la main droite. Auraient-ils été coupés par un hérétique au moment où il célébrait la messe, comme le mentionne Rivoire ou s’agit-il d’un accident ? Il s'agit sans doute, comme le mentionne l'abbé Corblet dans la "revue de l'Art Chrétien" d'un défaut dans la fonte.
LE TRANSEPT SUD
Les meuniers à la recherche de leur saint patron.
Dans le transept sud, perpendiculaire à la façade latérale, un monument retrace dans quatre niches, la vie de Saint-Jacques le Majeur. Dans le 3° groupe en partant de la gauche, saint Jacques ordonne au diable de se saisir d’Hermogène, son adversaire impénitent. Voilà pour le décor.
La légende : au début du 16° siècle, les meuniers sont réunis dans la cathédrale à la recherche de leur saint patron. L’un deux lance l’idée de lâcher un pigeon qui ira se poser sur la tête d’un saint et propose de désigner ce dernier comme le patron des meuniers. Mais le pigeon, contre toute attente, va se poser sur la tête d’un diable cornu au corps de femme. De colère, les meuniers brisent la tête du diable à coups de marteaux. Voilà pourquoi les meuniers n’ont jamais eu de saint patron, et que la diablesse n’a jamais retrouvé sa tête.
Les deux têtes mystérieuses
Quand Jacques Leullier, président de l’association de Sauvegarde des Hortillons, commence son assemblée générale, il aime à rappeler cette légende : « le champ des artichauts sur lequel, en 1220, ont été jetés les fondements de notre Cathédrale, fut donné par de pieux hortillons, dont on voit encore les têtes grossièrement sculptées, dans le transept sud, au-dessus de la porte du Puits de l’œuvre ».
Mais, comme Octave Thorel le souligne dans la préface des Hortillonnages d’Edouard David, aucun texte, aucun emblème, aucune inscription ne viennent donner corps à cette légende. Quant à ces têtes plaquées contre le mur, elles pourraient venir de statues détruites, selon Edmond Soyer, mais cette assertion ne repose sur rien. Les deux têtes, dont l’une porte la guimpe, coiffure des veuves et l’autre le petit « béguin » coiffure très en vogue sous Louis-Philippe, gardent leur mystère.
L’ange de l’abat-voix de la Chaire (1)
La religion, selon la tradition juive a aussi sa « règle d’or » : « Ne fais à personne, ce que tu n’aimerais pas subir toi-même ». Cela ressemble à la parole du bon Samaritain, où Jésus répond au docteur de la Loi, qui lui demandait qui était son prochain: « Hoc fac et vives », qui se traduit ainsi : « Fais cela et tu vivras ».
Or l’ange au-dessus de la chaire de notre Cathédrale tient un évangile où sont écrits ces mots. Le prix de cette chaire avait paru exorbitant à Mgr de la Motte, commanditaire de l’œuvre. Aussi, quand il montrait le travail du sculpteur Dupuis, l’évêque ajoutait malicieusement : « Faites cela et vous vivrez… de vos rentes ».
(1) La chaire a été exécutée, en 1773, par le sculpteur J-B Michel Dupuis, sur les dessins de Pierre-Joseph Christophle
Le grand crucifix, vis-à-vis de la Chaire, est le produit d’une souscription effectuée sous la direction du comte de Betz, président de la société des amis des Arts de la Somme. Cette oeuvre des frères Duthoit (1844) est inspirée du Christ de Girardon (Abbatiale de Saint-Riquier).
La Chapelle Notre-Dame du Puy
L’importante confrérie de Puy- Notre-dame contribua de 1389 à 1785 à enrichir la Cathédrale. Le Maître nommé chaque année se devait d’offrir un riche tableau à la Cathédrale et il était donc normal que les membres de la Confrérie aient leur chapelle.
Tout en haut du retable, on observe la statue allégorique de Notre-Dame du Puy tirant du puits un enfant nu, suivant une légende dont l'origine n'est due qu'à un simple jeu de mots.
Cette chapelle du Puy tire son nom de podium (du latin estrade). En face de cette Vierge, on trouve les tables de marbre noir sur lesquelles sont mentionnés les noms des célèbres maîtres de la Confrérie du Puy Notre-Dame. Au-dessus de l’une d’elles, on retrouve un rébus sous la forme d'un puits, et encore deux autres rébus plus lisibles, le premier sur une planche en bois qui recouvre le banc de pierre du soubassement, et le deuxième sur un banc mobile, daté de 1667 et l’on peut s’étonner, après avoir vu tant de choses disparaître, de voir ce banc en chêne toujours présent, avec son puits gravé, en 2013.
Sous l'Ancien Régime, on n'utilisait pas beaucoup les chaises pour assister aux offices, mais plutôt les bancs. Chaque association, chaque corporation possédait son propre banc. Il y avait des bancs pour le gouverneur de province, pour les officiers de la Citadelle et bien sûr pour les membres de la Confrérie du Puy. Ceux qui existent encore aujourd'hui sont les "rescapés" de cette époque.
Ce banc existe toujours en 2013. on distingue difficilement les armes de France, à trois fleurs de lys, surmontées d'une couronne royale. Les fleurs de lys ont été effacées à la Révolution, mais on devine encore leurs silhouettes.
Un autre banc mobile au milieu duquel est sculptée une coquille , emblème de saint Jacques, porte la date de 1691. Trois siècles après, un nommé Lucas a ajouté le sacré coeur de Jésus.
Une fresque dans le transept sud sous les sculptures de l'histoire de Saint-Firmin
Une fresque encadre le tombeau de l’évêque Ferry de Beauvoir un peu au-delà du transept sud. Deux chanoines en robe rouge et chape bleue et deux anges viennent de recouvrir le tombeau. Ces peintures, d’un dessin irréprochable sont superbes, avec des gestes vrais qui ne sortent pas du calme nécessaire à toute peinture monumentale.
Georges Durand- Description abrégée de la Cathédrale d’Amiens
A gauche, le gisant de Ferry de Beauvoir porte les ornements épiscopaux, les pieds appuyés sur un lion; les douze apôtres sont sculptés sur sa chape et peints au fond de la niche où sont inscrits les versets du Credo.
A droite, se trouve le gisant d'Adrien de Hénencourt, doyen du Chapitre et neveu de l'évêque Ferry de Beauvoir. Le contraste est saisissant entre les deux personnages. L'un repose sur un coussin brodé d'or avec sa mitre tandis que l'autre a la tête nue et son corps repose sur une natte de joncs. Notre riche mécène amiénois, descendant d’une grande famille picarde, les Mailly-Conty alliés avec la famille de Hénencourt, a-t-il souhaité à la fin de sa vie (octobre 1530) faire preuve d’humilité ? A-t-il voulu ainsi se rapprocher des pauvres ?
La biographie d’Adrien de Hénencourt, écrite par Philippe Dubois (bull. de la SAP du 4e tr.1999) essaie de répondre à ces questions.
Voir aussi : Notices sur les Evêques d'Amiens par Edmond Soyez
Les chapelles rayonnantes
Les chapelles rayonnantes autour du chœur sont de véritables merveilles de pureté de style, d’élégance, de légèreté, d’une parfaite composition des proportions et de simplicité, tout à la fois. La chapelle centrale notamment constitue à elle seule un petit édifice d’une perfection extraordinaire.
Georges Durand- tome 1 de sa monographie, p. 280
La Chapelle axiale ou Notre-Dame de la Drapière
La chapelle axiale a toujours été dédiée à la Vierge sous le vocable de Notre-Dame de la Drapière. C’est la plus grande de toutes les chapelles et une des rares à être ouverte en permanence aux fidèles. Peintures et dorures la couvrent entièrement. De l’autel monumental en pierre, œuvre des frères Duthoit, s’élève un haut tabernacle formant une niche carrée surmontée d’une flèche élancée. Derrière le tabernacle, quatre colonnettes sont supportées par quatre petites têtes parmi lesquelles se trouvent les portraits de Viollet-le-Duc et des frères Duthoit. Au-dessus de l’autel, une statue en cuivre doré de la Vierge, un lis dans la main droite, foule aux pieds le serpent.
Deux tombeaux occupent le côté latéral gauche : l’évêque Simon de Gonçois, décédé en 1325, et Thomas de Savoie, chanoine décédé vers 1335, y reposent. Ces deux monuments ont été entièrement restaurés, en 1853, par les frères Duthoit.
La Chapelle de Saint-Jacques le Majeur et du Sacré Coeur
Chapelle du Sacré Cœur
Connue sous le vocable de Saint-Jacques le Majeur depuis l’origine, la chapelle est dédiée au Sacré Cœur de Jésus, depuis 1866, date de l’épidémie du choléra.
Décorée avec beaucoup de luxe et de richesse sous la direction de Viollet-le-Duc, elle est peinte et dorée de haut en bas. Les peintures ornementales sur la gauche et la droite de l’autel en bronze doré sont l’œuvre de Nicolle, artiste peintre parisien. Elles ont été choisies pour leur rapport au culte du Sacré-Coeur : sainte Marguerite,Marie Alacoque, saint François de Sales, saint Thomas d’Aquin, saint Bernard, saint Firmin, le chef de saint Jean Baptiste, saint Jean l’Evangéliste, saint Pierre, la Vierge Marie, saint Joseph, saint Paul, sainte Marie-Madeleine, saint Augustin, saint François d’Assise, saint Ignace de Loyola, sainte Thérèse d’Avila. Les peintures ont été restaurées en 2007. Dans le dallage, se trouve la pierre tombale de Mgr Boudinet, évêque d’Amiens, décédé, en 1873.
Chapelle Sainte Theudosie
En 1853, Mgr de Salinis, évêque d’Amiens rapporte d’Italie, les reliques de sainte Theudosie, née à Amiens et morte en martyre. L’éloge de la sainte a été prononcé par l’évêque de Poitiers lors d’une grandiose cérémonie dans la cathédrale, le 13 octobre 1853. Les reliques furent déposées dans cette chapelle somptueusement décorée.
L’autel en pierre, surmonté d’un haut tabernacle qui sert d’abri à la châsse de sainte Theudosie, est l’oeuvre des frères Duthoit.
Chapelle Saint-Jean Baptiste et Antoine Daveluy
La chapelle a été décorée, en 1775, par le sculpteur Jacques Firmin d’Amiens, grâce à la générosité du chanoine Cornet de Coupel. Le lambrissage en bois sculpté est de style Louis XVI. Le retable de l’autel est une grande figure de Saint-Jean-Baptiste, en demi-bosse.
Elle contient les reliques de saint Antoine Daveluy, né à Amiens, martyr en Corée, en 1866.
Cette chapelle était le lieu de réunion de la corporation des tanneurs.
Chapelle Saint-François d’Assise
On retrouve pour cette chapelle, symétrique de la chapelle Saint-Jean Baptiste, le même mécène, le chanoine Cornet de Coupel et le même sculpteur Jacques-Firmin Vimeux.
Les frères Duthoit
A l’arrière de l’autel de Notre-Dame de la Drapière, sans doute à l’initiative de Viollet-le-Duc, les deux frères Duthoit ont sculpté leur portrait.
Aimé Duthoit (1803-1869) est plutôt décorateur tandis que son frère Louis (1807-1874), est plutôt sculpteur. Tous les deux sont nés et décédés à Amiens. Descendants d’une lignée d’artistes, les jeunes frères apprennent le métier de sculpteur-décorateur chez leur père. Pendant près de cinquante ans, ils vont exercer leur immense talent dans toute la région, principalement dans les églises, dans les châteaux, mais aussi dans les cimetières. Plus de mille statues sont à mettre à leur actif, ce qui laisse supposer un atelier avec des sculpteurs très actifs et qui justifie le qualificatif très élogieux de Viollet-le-Duc : « les derniers imagiers du Moyen-Age ». S’ajoutent à cela, des dessins de notre patrimoine picard, par milliers, relevés sur des cahiers en partie publiés.Ces dessins sont d’autant plus précieux que beaucoup de ces monuments, ont aujourd’hui disparu.
Viollet-le-Duc et sa compagne
Ces deux sculptures sont un témoignage de vénération des frères Duthoit envers Viollet-le-Duc, avec qui ils ont étroitement collaboré, de 1849 à 1874.
Le tombeau du chanoine Lucas et l'ange pleureur
Nicolas Blasset a sculpté cet ange pleureur en 1636, pour le tombeau du chanoine Lucas, conseiller et aumônier du Roi, seigneur de Demuin, et décédé en 1628. Le chanoine avait créé une Maison de Charité appelée "Maison des enfants bleus", qui venait au secours des orphelins.
Notre ange pleureur a la tête appuyée sur le bras droit accoudé sur une tête de mort, symbole de la courte durée de l’existence. La main gauche posée sur un sablier symbolise l’écoulement du temps. Il est assis sur la bordure inférieure du monument, les jambes croisées et pendantes dans le vide.
L’ange est là pour permettre aux vivants de méditer sur la brièveté de la vie. Blasset a su donner à son jeune enfant un naturel parfait. La vérité des proportions, du modelé, de l’attitude, du geste de la main glissée sous la chevelure, fait de cet Ange, un chef d’œuvre. L’expression du chagrin est parfaitement rendue et les larmes sont sincères.
Christine Debrie, Nicolas Blasset, 1985
Alors que dans la religion catholique, la mort est souvent représentée comme une menace pour le pécheur, ici on voit un enfant qui pleure. Il pleure, et rend humaine la peur de la mort et du Temps qui passe. On ressent son chagrin, sa détresse. Quand on a vu un enfant malheureux pleurer ainsi la tête dans la main, on ne peut qu'être ému par cet Ange, image de l'orphelin, de l'injuste sanction qui frappe un innocent. Il ne se cache pas derrière ses mains, et grimace de désespoir. Il est placé sous le groupe sculpté à portée des passants. Cet Ange pleureur est allé droit au cœur des hommes et des femmes sur lesquels il semble s'épancher et fut reproduit de nombreuses fois, notamment pour les soldats au front pendant la première guerre mondiale."
LE PAVAGE DE LA CATHÉDRALE
Quand la lumière des vitraux apporte ses reflets colorés sur les pavés....
Le pavage a été refait entre 1894 et 1897 mais pas à l’identique. Les dessins choisis par l’architecte suscitent quelques observations. Il s’agit d’un dallage en damier noir et blanc, à la fois droit et oblique, qui offre de multiples combinaisons. L’option choisie, en 1894, nous offre des assemblages symétriques et harmonieux.
Le labyrinthe
Le premier labyrinthe de l’Histoire a été construit dans l’île de Crête par Dédale, architecte grec qui cherchait un asile contre la haine et l’envie de ses concitoyens.
Fait de zigzags et d’entrelacs, ce labyrinthe servit de modèle pour dessiner les pavages des palais et des cathédrales. S’il s’agissait d’une simple décoration pour les laïcs, il est vite devenu symbole religieux pour les chrétiens, dont le parcours à genoux était une substitution du pèlerinage des croisés. Le sens mystique a depuis longtemps disparu et le labyrinthe est regardé aujourd’hui comme un jeu ou un objet de curiosité.
Le labyrinthe d’Amiens a la forme d’un octogone et sa pierre centrale est la copie conforme de celle conservée au Musée.
La pierre centrale
Toute la genèse de l’édifice se trouve dans cette inscription de la pierre centrale:
EN L’AN DE GRACE MIL IIC ET XX FU LEWRE DE CHEENS PREMIEREMENT ENCOMENCHIE ADONC YERT DE CHESTE EVESQUIE EVRART EVESQUES BENEIS ET ROY DE FRANCE LOYS QUI FU FIZ PHELIPE LE SAGE CHIL Q MAISTRE YERT DE LOUVRAGE MAISTRE ROBERT ESTOIT NOMES ET DE LUZARCHES SURNOMES MAISTRE THOMAS FU APRES LUY DE CORMONT ET APRES CESTOY SES FILZ MAISTRE RENAUT QUI METTRE FIST A CHEST POINT CY CESTE LETTRE QUE L’INCARNACION VALOIT XIIIC ANS XII EN FALOIT
Traduction :
En l’an de grâce 1220, cette œuvre fut commencée. L’évêque béni de ce diocèse était alors Evrard, le roi de France Louis, fils de Philippe le Sage. Celui qui était maître d’œuvre était nommé « Maître Robert » et surnommé « de Luzarches ». Après lui vint Maître Thomas de Cormont et après celui-ci son fils Maître Renaut qui fit mettre à cet endroit-ci, cette inscription en l’an de l’incarnation 1288.
NB : une erreur de date: en 1220, le roi était encore Philippe Auguste, Louis VIII ne monta sur le trône, qu’en 1222.
La svastika est un des éléments du pavage de la nef. Cette croix d’inspiration orientale a pour origine les traditions hindoue et bouddhique. Elle symbolise l’équilibre et la plénitude. Le sens de cette croix a été détourné par les nazis
La dalle du gouverneur espagnol
Cette dalle se trouve dans le transept sud de la cathédrale près du maître-autel récemment installé, fin septembre 2011. 1597 correspond à l'année espagnole pour Amiens. La ville est prise le 11 mars par les Espagnols avec à leur tête, Hernan Tello Portocarrero. Le siège de la ville est aussitôt décidé par le roi Henri IV et la ville est reprise le 25 septembre. Auparavant, Hernan Tello, devenu gouverneur espagnol de la place d'Amiens est tué d'un coup d'arquebuse, le 4 septembre, près de la porte Montrescu. Comme le veut la tradition de cette époque, son corps est inhumé dans la cathédrale. Certains auteurs affirment que les Espagnols ont emporté le corps quand ils se sont retirés. Mais l'épitaphe avec les initiales "H" et "T", séparées par une croix, est toujours visible. La lettre "W" s'explique parce que Hernan Tello était aussi capitaine des gardes Wallonnes.
En 1897, lors de la réfection du pavage, la dalle du gouverneur espagnol est ouverte.Un docteur, membre des Antiquaires de Picardie, qui assistait à la scène, affirme avoir vu un squelette de femme. Ce n'était pas la première réfection du pavage et les Antiquaires en ont déduit que les squelettes avaient changé de place. Signé H de M- Le Dimanche -1939-
LA CROISÉE DES TRANSEPTS
La croisée du transept correspond au cœur central de l’édifice. Dès l’origine, la forme choisie pour construire la Cathédrale est une croix où les bras sont perpendiculaires au fût. L’intersection de ces deux lignes va devenir la croisée du transept et sera le point de départ autour duquel tout va s’organiser.
Avec le carré de la Croisée inscrit dans un cercle et le plan des piliers, on établit la divine proportion appelée aussi le nombre d’or, qui est à l’origine de toute dimension esthétique. Ce nombre divin (1+racine carrée de 5)/2) semble régir avec force et beauté, l’équilibre et la sagesse du monde.
Les tracés régulateurs de la cathédrale d’Amiens par Bernard Guillemin, bulletin de la SAP (1er trimestre 93)
LE TRANSEPT NORD
Monument funéraire de Jean de Sachy et de Marie de Revelois
Oeuvre de Nicolas Blasset
Parmi les 18 monuments funéraires que nous avons recensés, nous avons choisi de vous montrer le tombeau de Jean de Sachy et de son épouse, Marie de Revelois pour trois raisons :
1-Jean de Sachy, décédé en 1644, premier échevin de la Ville d’Amiens à quatre reprises, Maître de la Confrérie du Puy, est un des rares laïcs à reposer dans le tombeau qu’il s’est fait construire.
2-Son épouse Marie de Revelois est la seule femme, dont on connait le nom et la fonction, à être inhumée dans ce lieu sacré (1662).
3-Le sculpteur Nicolas Blasset, auteur de ce monument funéraire, a réalisé ici un chef d’œuvre. Les époux de Sachy sont agenouillés de part et d’autre de la Vierge, qui tient sur son bras gauche l’Enfant Jésus et dans sa main droite, un petit puits, symbole de la Confrérie. Au-dessous de cette scène, le squelette est représenté tout entier. Ce qui constitue alors, une nouveauté. Il s'agissait à cette époque de troubler les esprits, de remuer les consciences. "Ce triomphe de la Mort est destiné à frapper l'imagination pour ramener l'âme à Dieu", selon Christine Debrie, qui cite François Souchal. Il sert de support à la méditation et à la précarité de l’existence humaine. Selon l’expression de Georges Durand, cette sculpture est un véritable tour de force.
Christine Debrie, Nicolas Blasset, Nouvelles éditions latines- 1985
Le caveau des évêques
La Cathédrale abrite sous son dallage un véritable cimetière dont le recensement est maintenant impossible à faire. On sait que les inscriptions sur les pavés signalent une tombe, mais les absences d’épitaphes sont nombreuses. L’épitaphier de Rodière comble seulement une partie de cette lacune.
En 2013, les évêques qui le souhaitent peuvent toujours se faire inhumer dans la Cathédrale. En 1896, à l’initiative de Monseigneur Dizien, un caveau est creusé dans le bas-côté nord du chœur, destiné à recevoir la sépulture des évêques.
Aujourd’hui, les prélats qui y reposent sont les suivants :
Mgr Léon-Marie Dizien- Evêque de 1896 à 1915
Mgr Glorieux- Vicaire général
Mgr Charles-Albert Lecomte- 1921 à 1934
Mgr Lucien Martin- 1935 à 1945
Mgr Albert Droulers-1947 à 1950
Mgr Demandolx, décédé, en 1817, avait d’abord été inhumé au cimetière de la Madeleine, avant que son corps ne soit transféré à la cathédrale, en 1937.
Le puits sainte Ulphe se trouve à l'intérieur de la Cathédrale, sur le bas-côté gauche, à quelques pas du chef de Saint-Jean-Baptiste, tandis que le tableau se trouve à droite dans la chapelle Saint-Eloi. En 1761, le puits a été recouvert d'une simple dalle grise, qui garde encore la trace de l'anneau. Est-ce une source comme le prétend Maurice Rivoire, qui écrit: "Il y avait une fontaine en ces lieux où Sainte Ulphe venait souvent puiser de l'eau".
On y voit, écrit l'abbé Corblet, contre un pilier une plaque de marbre noir avec cette inscription: "Puits de Sainte-Ulphe". A cette fontaine enclavée par les constructions de la cathédrale, sainte-Ulphe, selon la tradition, allait se désaltérer. Et Corblet ajoute en citant un auteur du 13e siècle: "On prenait dans ce puits, l'eau nécessaire aux oblations des messes, en souvenir de la chaste vierge, qui s'était montrée si dévote au Saint-Sacrement de l'autel".
Le calvaire du Transept Nord
Un calvaire fut dressé au cimetière Saint-Denis d’Amiens lors d’une mission, en 1825. Cette œuvre comprenait une croix et les deux personnages principaux de la Passion : Marie et Jean. Ce calvaire avait été réalisé probablement par Louis Duthoit, père des célèbres frères Duthoit, peu de temps avant sa mort. Dans le «Vieil Amiens», un dessin représente ce calvaire avant son enlèvement lors de la révolution anticléricale de 1830 et son transfert au transept nord de la Cathédrale, où nous le voyons encore, en 2013, avec les statues de Marie et de Jean.
L'épitaphe de Gresset
Près de la cuve baptismale, se trouve dans le pavage la pierre tumulaire de Jean-Baptiste Gresset de l'Académie française. (1708-1777). Le poète avait été enterré au cimetière Saint-Denis et sa sépulture y était des plus modestes. En 1811, l'académie d'Amiens fit transporter ses restes dans la Cathédrale. Georges Durand, description abrégée de la Cathédrale d'Amiens. 1914
Le Christ byzantin Saint-Sauve
Le Christ Saint-Sauve appartenait à l’église Saint-Firmin le Confesseur. Il a été ramené des Croisades vers 1200 et a toujours gardé sa robe royale dorée.
Au cours de la construction de la Cathédrale, dès 1240, le Chapitre, dont l’argent commence à manquer, n’hésite pas une fois de plus, à s’adresser à la charité publique. Dans ce but, il fait porter par des clercs dans tous les bourgs et les villages du diocèse, la châsse de saint Honoré, afin de recueillir des dons. Un jour au passage des reliques, la foule médusée voit le Christ Saint-Sauve courber la tête.
Avec un tel miracle, les pièces de monnaie ne tardèrent pas à affluer.
Depuis la Révolution, la Christ Saint-Sauve a rejoint la Cathédrale, où une Chapelle lui est réservée.
LE CHEMIN DE CROIX
Le chemin de croix, inauguré le 15 février 1842
La décision fut prise vers 1840, d’orner la Cathédrale d’un chemin de croix, sous forme de peintures qui seraient fixées dans les chapelles de la nef. L’argent étant insuffisant pour faire appel à de grands maîtres, ce sont des peintres moins connus et locaux qui ont exécuté ces toiles, que l’on peut toujours admirer, en 2013. (Manque 4 tableaux)
N°1: Jésus est condamné à mort
Un jeune artiste Roberts, élève de Drolling, reproduit avec brio une des plus belles compositions de Nicolas Poussin.
N°3 : Jésus tombe sous le poids de sa croix
Le peintre Eugène Tourneur imite ici le grand maître Eugène Delacroix
N°4 : Jésus rencontre sa sainte Mère.
La copie de G. Gouget est la réduction parfaite d’une grand composition de Lebrun
N° 5: Jésus reçoit l’aide de Simon de Cyrène. Le tableau est de Charles Porion
N° 8 : Jésus console les filles de Jérusalem. Belle composition de Jules-Achille Lecaron
N° 9: Jésus tombe une troisième fois. Copie de Raphaël par Charles Porion
N°10:Jésus est dépouillé de ses vêtements. Autre composition de Lecaron.
N°12 : Jésus meurt sur la croix. Cette peinture est une réduction du chef d’œuvre de Van Dyck, par Jules Dufour
N°13 : Jésus est descendu de la croix. Cette composition de Lesueur a été reproduite par G. Gouget.
N°14: Jésus mis dans le tombeau. Désiré Letellier, peintre né à Frévent, s'inspire du tableau de Le Titien et ajoute sa touche personnelle.
Tous ces tableaux sont ornés de jolis cadres, sculptés par les frères Duthoit, qualifiés par Hyacinthe Dusevel d’ornementistes distingués et d’habiles statuaires.
Archives de la Somme, tome 1, article de Dusevel, p. 68
LES ROSACES
La rose de la Mer ou rosace occidentale
La rosace de la façade principale, de 11 mètres de diamètre, date du début du 16° siècle, elle a été garnie d’un remplage flamboyant qui est parvenu jusqu’à nous.
La rose des Vents ou la rosace du Nord
Sur la façade nord, la rose reste garnie de son vitrail primitif qui date du 14° siècle.
La rose du Ciel ou la rosace du sud
Sur la façade sud, cette rose très abîmée a été très remaniée au cours des siècles. Elle conserve toutefois dans les mouchettes principales des figures d’anges venues du vitrail primitif (15° siècle)