LE CHOEUR ET LES STALLES DE LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME D'AMIENS
Bibliographie
Histoire et description des stalles de la Cathédrale par les abbés Jourdain et Duval- Tome 7 des Mémoires de la SAP-1844
Monographie de l’église Notre Dame, cathédrale d’Amiens, par Georges Durand. Tome II- Yvert et Tellier- 1903
Les Stalles de la Cathédrale N-D d'Amiens par Kristiane Lemé-Hébuterne- Mémoires de la SAP, tome 26
La gloire du Chœur
L’architecte Christophle et le sculpteur Dupuis sont chargés d’exécuter la Gloire du Chœur, en 1767.
Dans un épais massif de nuages avec d’immenses rayons dorés apparaissent quelques têtes de chérubins et de petits amours. Trois d’entre eux soutiennent une couronne d’or, d’où descend une suspension, à laquelle on a ajouté, en 1879, une colombe eucharistique en vermeil. Cette suspension remplace celle disparue à la Révolution faite d’un ciboire d’or sous un pavillon en argent.
« La grâce d’une Cathédrale », ouvrage collectif-2012
La tradition est maintenant bien établie : tous les évêques d’Amiens qui décèdent ont la possibilité de se faire inhumer dans la Cathédrale, dès lors qu’ils ont effectué leur dernier mandat épiscopal dans le diocèse.
Mais le suprême honneur pour un évêque consiste à se faire inhumer dans le Choeur de la Cathédrale. Trois d’entre eux ont bénéficié de cette faveur.
Louis-François Gabriel d’Orléans de La Motte (1683-1774).
Plusieurs livres retracent sa biographie. Ils ont tous été écrits à des dates différentes par des ecclésiastiques : les abbés d’Argnies, Proyart et Delgove.
Nommé par Louix XV, évêque d’Amiens, en 1734, il arrivait à Amiens, un an après, où il devait rester pendant 40 ans. Sa grande préoccupation, outre celle de son ministère consacré essentiellement aux pauvres, aura été d’embellir la Cathédrale. On lui doit la belle porte en fer forgé de l’entrée du Chœur, l’autel de la chapelle Notre-Dame de Pitié et le pavage en marbre du Chœur. Il introduit l’art baroque en offrant la Chaire et la Gloire des sculpteurs Christophle et Dupuis. Ses biographes précisent que contre ses volontés son corps a été inhumé dans la Cathédrale, tandis que ses entrailles l’ont été dans le cimetière Saint-Denis.
Marc-Marie de Bombelles, évêque d’Amiens de 1818 à 1822. Auparavant, cet ancien militaire, né en 1744, fut capitaine, colonel de cavalerie et brigadier des armées du Roi. En 1778, il épousa Mlle de Mackau avec qui il eut six enfants. En 1803, au décès de son épouse, il entre dans les ordres. Seize ans après, à l’âge de 75 ans, il devient évêque d’Amiens alors qu’il était aumônier de la duchesse de Berry. Il décède, en 1822.
Il avait reçu de Louis XVI, le titre de marquis; un autre roi, Louis XVIII, intervient pour qu’il soit inhumé dans le choeur de la Basilique.
Mgr de Bombelles a été le seul évêque à avoir été militaire, il avait été autorisé à porter sur sa mitre les deux étoiles de son grade et il fut aussi un des rares évêques à avoir été père de famille.
Jean-Pierre de Gallien de Chabons ( 1756-1838)
Nommé par Louix XVIII, il succède à Mgr de Bombelles. Evêque pendant 15 ans, il contribua à construire le grand séminaire, rue de Noyon et parmi la pépinière de jeunes ecclésiastiques sortis de cette école, il ordonna plus de 500 prêtres.
----------- LES STALLES -----------
La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site:
Les stalles de la Cathédrale
Encadrant le vaisseau principal, elles semblent faire une haie d'honneur à l'explosion de lumière du somptueux Chœur baroque, tandis que les pyramides de leurs quatre flèches élèvent le regard et l'esprit.
Créées par des Maîtres-Huchiers du XVIe siècle, elles représentent le plus beau chef-d'oeuvre d’ébénisterie jamais réalisé et jamais égalé sur la terre. Véritable dentelle de chêne blond d'une perfection quasi surnaturelle, elles mettent en scène plusieurs milliers de personnages bibliques ou ordinaires, représentés dans leur vie quotidienne, leurs occupations et leurs travaux, avec les costumes et les habitudes des picards de l'époque. Les artistes-ébénistes ont sculpté dans le bois, avec une virtuosité prodigieuse, des hommes, des animaux, des femmes, des rois, des enfants, qui parlent, prient, écoutent, s'aiment, conspirent, accouchent, lisent, labourent, éduquent, pleurent. Ces stalles sont un livre d'Histoire ouvert qui laissent le visiteur béat d'admiration.
Musiciens, prophètes, animaux, pharaons ou gens du peuple ; religion et Histoire, humour et délicatesse, amour et tendresse, toute la fantaisie des sculpteurs est là, dans une facture légère, aérienne et gracieuse, où les puissants côtoient la multitude, où le Profane se mélange avec le Sacré.
Les quatre statues des flèches pyramidales
Quatre flèches en forme de pyramide s’élèvent des stalles-maîtresses. Au sommet de ces pyramides, quatre statues en bois, dont la photographie nécessite un téléobjectif, sont là pour faire passer le message de l’Eglise.
Ces pyramides sont une construction admirable, faite de feuillages artificiels, d’enroulements, de torsades où logent des oiseaux, des singes, des griffons et autres animaux fantastiques avec quatre personnages qui culminent à plus de dix mètres du sol.
1) Au sommet des pyramides des stalles maîtresses d’honneur
• La stalle du doyen du chapître : une femme tient un calice dans la main gauche et une croix dans la main droite, brandie comme un étendard. Cette femme représente l’Eglise victorieuse
• La stalle du Roi : une femme, la tête penchée tient une lance porte-drapeau, dont la hampe est brisée. Ses yeux sont bandés et elle s’apprête à laisser tomber les tables de la Loi. Elle représente la Synagogue.
Le message des chanoines est clair : l’ancienne Loi juive, qui n’a pas reconnu Jésus le Messie, a donc fait preuve de cécité. Cette loi fait place désormais à la Loi de l’Eglise triomphante, avec la venue du Christ.
2) Au sommet des deux autres pyramides
• Saint Michel : porte les vêtements du guerrier et s'appuie sur un écusson montrant la croix. Il foule aux pieds le dragon et lève une main qui a perdu sa lance. Sa présence s’explique par les attributions, qu'il possédait au moyen-âge : il est l'Archange qui a vaincu le démon et il est le patron de l’Eglise et son protecteur.
• Saint-Paul est représenté le glaive d’une main, le livre de l’autre. Il est à la fois l’apôtre, le docteur, le maître et la lumière des nations.
LES DOSSIERS
Quelques stalles ont reçu des graffiti. Les auteurs seraient-ils les chanoines qui s'ennuyaient pendant les offices? Les recherches effectuées avec les noms et les dates ont montré qu'il s'agissait de stalles occupées par les chantres, dont la fonction était appelée à être supprimée. Peut-être est-ce une manière de manifester leur mécontentement, un début de révolte, comme le suggère Kristiane Lemé, spécialiste de l'histoire des stalles?
LES MISÉRICORDES
Nous savons que les chanoines et les chapelains assistaient pendant de longues heures aux offices religieux et que la sation debout leur était pénible. Pour y remédier, on a placé au revers du siège une console pour permettre aux chanoines de s’appuyer, faisant croire ainsi qu’ils étaient debout.
Mais est-ce parce qu’on a eu pitié d’eux qu’on a appelé cette console, miséricorde ?
LES JOUÉES
Les jouées, sont les panneaux extérieurs des stalles qui marquent le passage pour accéder aux autres stalles. Elles font l’objet de sculptures particulièrement intéressantes.
LES APPUIS-MAIN
Les appuis-main d'angle sont souvent formés de deux personnages qui rejoignent leur tête. Ici à gauche, deux chanoines, bouche ouverte, chantent dans un énorme livre, tandis qu'à droite, deux têtes sortent d'un même bonnet.
LES RAMPES
LES PENDENTIFS
Et pour terminer cette page documentaire sur les stalles, nous publions cette photo de Jean Macrez prise le jour de ses 87 ans (février 2013). C'est notre manière de rendre hommage au "chantre" des stalles, qui officie tous les jours depuis presque 50 ans.