LES 2 CROIX EN TUF DU PONTHIEU
ESTREES-LES-CRECY
Bibliographie: La Picardie Monumentale et Historique- Tome IV- 1907- 1911- Arrondissement d'Abbeville-Canton de Crécy
Estrées-les-Crécy
La sanglante bataille de Crécy qui eut lieu le 26 août 1346, reste dans l’histoire de France, comme une grande blessure. Le roi Edouard III d’Angleterre humilia le roi de France Philippe VI, lui faisant subir une lourde défaite. Selon Froissart, plus de dix mille morts jonchent le champ de bataille en quelques heures de combat. Parmi les combattants, Jean de Luxembourg, roi de Bohême, est venu avec 500 de ses vassaux secourir le roi de France. Deux chevaliers guident son cheval, car le souverain est aveugle et tient néanmoins à participer au combat.
A l’endroit, où le vieux roi tombe à 1900 mètres en avant de Crécy, en se dirigeant vers Fontaine-sur-Maye, on érige une petite croix en tuf.
La petite croix blessée semble en équilibre instable sur ce piédestal trop grand pour elle, juchée dans le beau ciel picard, en souvenir de la bataille de Crécy .
On entend alors les bruits de la bataille, du croisement des épées, du sifflement des flèches ; on entend le hennissement des chevaux, le crépitement des flammes, les cris des hommes et les tirs de canon...
En 1840, la croix noircie, haute de 1,50 mètre, toute rongée du côté du vent de mer, se brise. Elle est relevée, en 1846 par le docteur Boucher, originaire de Fontaine-sur-Maye. Cinquante ans après, elle gît à nouveau sur le sol. Louis Léger, membre de l’Institut, ami des Tchèques, fait campagne pour la redresser. Son appel est entendu. Un comité composé des sociétés savantes du département se met à l’œuvre. La commune d’Estrées-les-Crécy offre un terrain sur les bords du chemin de l’armée. Amédée Milvoy, architecte met son talent au service du comité et le beau piédestal orné d’armoiries est inauguré, en 1903. Sur son socle, on a recopié quelques phrases de Froissart :
"Je vous requiers très espécialement que vous me meniez si avant que je puisse férir un coup d’épée ». Dernières paroles du roi Jean.
« Jean férit un coup d’épée, voire trois, voire quatre et se combattit moult vaillamment".
« Les vaillants chevaliers avaient plus cher à mourir que fuite vilaine leur fut reprochée »
Blasons et épée complètent l'ornement du socle, avec distinction, grandeur et majesté ; tandis que notre petite croix en tuf, mutilée, tente de traverser les siècles, fière et digne mais humble et fragile en face des blessures du temps.
Documents Bibliothèque Municipale- Abbeville
MILLENCOURT-EN-PONTHIEU
La croix de Millencourt-en-Ponthieu
Au carrefour central du village, se trouve l’une des rares croix en tuf du Ponthieu, vraisemblablement contemporaine de la bataille de Crécy.
Elle est composée d’un fût cylindrique qui se termine en forme de croix. Il en est de même pour les bras, ce qui nous donne un croisillon de toute beauté. A la croisée des bras apparait en incrustation, une autre petite croix.
La croix de pierre de Millencourt est la seule croix en tuf à être ainsi «recroisetée».
Millencourt-en-Ponthieu
Ne la trouvez-vous pas élégante, cette petite croix qui fait le guet au bord de la route ? Mais qu'attend-elle, au fond ? Elle est comme endimanchée, vêtue de ses plus beaux habits du printemps.
Au bout de la route quelqu'un va venir, peut-être à bicyclette, la prendre par la taille...Mais non, ne rêvons pas... elle est là depuis des siècles et nous profiterons encore longtemps de sa grâce et de sa majesté.
