FIENVILLERS: école d'agriculture
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Histoire de l'école d'agriculture: texte de Pierre Foucart
L’École d'Agriculture de Picardie, à Fienvillers
Le voyageur traversant le village de Fienvillers ne manquera pas de remarquer un imposant bâtiment de 3 étages, auquel est accolée une chapelle, dont le pignon triangulaire formant façade, est décoré d'une haute statue en pierre représentant Jésus au Sacré-Coeur ; à côté, les dépendances d'une ancienne ferme, qui se prolongent en bordure de rue, avec un décor de poutres apparentes dans le style normand.
Cet ensemble immobilier a hébergé en son temps l’École d'Agriculture de Picardie, où ont été accueillies entre les années 1936 à 1951 plus d'une quinzaine de promotions de jeunes élèves se destinant aux métiers de l'agriculture, pour y suivre un enseignement professionnel et pratique de 2 ans dans le cadre d'une pédagogie originale, largement inspirée du scoutisme, tout en s'inscrivant dans une vision chrétienne, s'agissant d'un établissement confessionnel.
A la suite de la fermeture de l'école en 1951, ses locaux, devenus propriété du diocèse d'Amiens, ont été mis à la disposition du Collège Montalembert de Doullens, pour en être une annexe, dédiée à l'hébergement des grands élèves pensionnaires ; cette mise à disposition se prolongea pendant de nombreuses années, avant que le collège Montalembert ne se recentre en 2012 sur son site modernisé de Doullens.
Les locaux de l'ancienne École d'Agriculture de Picardie de Doullens relèvent à présent de la Fondation Saint-Firmin et n'ont pas reçu à ce jour de nouvelle affectation. A défaut d'un avenir précis, il a paru intéressant de rappeler l'historique de cet établissement, qui avait connu, avant la guerre 1939/1945 une certaine notoriété, en lien avec le dynamisme et la personnalité hors norme de son fondateur, l'abbé André Dacheux[1], qui a été de 1932 à 1936, le supérieur du collège Montalembert puis de1936 à 1942 le directeur de l’École d'Agriculture de Picardie
1°) Les origines de l’École d'Agriculture de Picardie
L'école d'agriculture de Picardie puise ses origines au sein même du collège Montalembert quand ce dernier était alors « l'institution Notre Dame », qu'a dirigée de 1896 à 1904 l'abbé Siméon Retel[2]. Cette institution avait pris la succession d'un pensionnat privé d'instruction primaire et supérieure, créé en 1849 par Monsieur Bacquet, maître de pension. Ce dernier avait su lui donner, par les succès scolaires réitérés de ses élèves une notoriété dépassant les limites de la ville de Doullens ; ses successeurs, Monsieur Paris, choisi tout spécialement en 1862 par Monsieur Bacquet, puis en 1882 Monsieur Liebert, qui poursuivit l’œuvre de ses prédécesseurs, enfin, à partir de 1890, Monsieur Lecocq, dont les élèves de cet établissement, considéré comme modèle, avaient reçu le sobriquet de « coquelets ». Cette institution libre était installée en centre ville, au 59 de la rue Saint-Ladre.
Début 1896, Monsieur Lecocq, confronté à des difficultés de recrutement de professeurs, s'apprêtait à fermer l'école en dépit de la grande réputation de l'établissement et de son pensionnat de tout premier ordre, quand Monseigneur Dizien, évêque d'Amiens, préoccupé de la formation spirituelle de la jeunesse et soucieux de maintenir une école chrétienne de l'importance de celle de Doullens, décida de reprendre le pensionnat de la rue Saint-Ladre, qui devint un établissement diocésain. A sa tête, fut donc nommé l'abbé Siméon Retel, jeune prêtre, qui comptait déjà plusieurs années d'enseignement au petit séminaire de Saint-Riquier.
2°) L'Institution Notre Dame et les premiers tentatives d'un enseignement agricole
Ce fut sous son directorat, que le pensionnat privé, alors école primaire, devint un établissement d'enseignement secondaire et pris le nom d' « Institution Notre-Dame ». L'abbé Siméon Retel imagina d'adjoindre aux cours d'enseignement général, des cours d'agriculture avec des travaux pratiques sur des champs d'expérience ; les inscriptions d'élèves s'accrurent rapidement, et l'abbé Siméon Retel se porta acquéreur en mars 1897, d'un immeuble situé à la limite de la ville, à proximité des glacis de la citadelle et dénommé Villa Grove. Mademoiselle Brunel l'avait fait construire pour y installer un collège de jeunes filles.
Après des années fastes, l'institution Notre-Dame dut affronter les tensions politiques de l'anticléricalisme militant ayant conduit au vote des lois anti-congrégations et de séparation de l’Église et de l’État, de sorte que l'abbé Siméon Retel abandonna en 1904 la direction de son établissement ; il devint curé de la paroisse de Longprè-les-Corps-Saints. Pour autant, Monseigneur Dizien, soucieux de préserver un enseignement confessionnel de qualité au sein de son diocèse, fit appel à des membres de congrégations enseignantes dissoutes pour leur proposer de reprendre les établissements que les prêtres diocésains ne pouvaient plus diriger. C'est ainsi que Monsieur Camille Chatelain, religieux marianiste qui avait dû, lui aussi, renoncer à la direction du Pensionnat Saint Louis à Saint Pol-sur-Ternoise, et était devenu frère sécularisé, accepta, en dépit de ce contexte difficile et tendu, de prendre la direction de l'établissement de Doullens ; il y arriva entouré de plusieurs professeurs d'autres établissements marianistes, qui venaient eux aussi d'être fermés.
3°) L’École Moderne de Doullens et la création d'une section agricole.
Porteur d'un projet pédagogique et religieux longuement médité, Monsieur Camille Chatelain mettait en place un enseignement ouvert sur la vie actuelle, avec pour objectifs de donner aux élèves « une éducation solide répondant aux exigences de l'époque, et, par le bienfait d'une formation chrétienne, de tremper le caractère, de former des cœurs vraiment forts et généreux, de leur inspirer la conviction religieuse et les sentiments patriotiques, qui en feraient des hommes comprenant leurs devoirs, et dévoués à leur pays ».
Il entendait par ailleurs n'accueillir que des élèves préparant des diplômes et examens de concours n'exigeant pas la connaissance du latin, et adoptait pour son établissement, le nom d' « Ecole moderne » ; il eut aussi à cœur de veiller au confort matériel des pensionnaires, en mettant à leur disposition des locaux spacieux et aérés, équipés de bains-doches, d'un chauffage central et d'éclairages conformes aux derniers perfectionnements techniques de l'époque.
Les enseignements comportaient, en sus des cours généraux proprement dits, des conférences hors cours devant favoriser l'acquisition de vues d'ensemble et d'idées générales, de façon « à mettre plus d'unité dans l'intelligence » ; de même, était recherchée une ouverture vers le monde professionnel et pratique afin de favoriser au mieux l'orientation des élèves quant à leur avenir d'adulte. Il s'agissait de conduire les élèves, au travers des enseignements dispensés, non tant vers les brevets ou baccalauréats, venant contrôler l'enseignement général reçu, mais bien de trouver pour chacun d'eux des buts et perspectives d'avenir, déterminés en accord avec sa famille, en leur offrant la faculté de tester, à la faveur de passages dans des sections industrielles, agricoles et commerciales, leurs goûts et aptitudes, et ainsi de ne se décider qu'à bon escient.
Monsieur Camille Chatelain, généralisant et amplifiant ainsi l'expérience de l'abbé Siméon Retel, ouvrait ainsi une section agricole dont le programme d'études s'étendait sur 3 ans, et se devait d'initier à toutes les connaissances que requéraient les progrès de l'agriculture moderne.
La section agricole
Une attention toute particulière y était donnée à l'étude des sols, des engrais, des animaux, des soins à leur donner en cas de maladie. Conçues dans un but pratique, ces études, loin de négliger la théorie, étaient complétées de travaux pratiques, portant:
- sur les cultures expérimentales faites dans un champ d'expérience affecté à l'école
- sur les analyses agricoles d'engrais, terres, produits divers, faites au laboratoire de l'école
- sur la forge et le charronnage dans les ateliers de l'école
- sur l'arpentage
- par l'étude des animaux.
Des excursions agricoles étaient en outre organisées chez les meilleures praticiens de la région et dans les concours agricoles, ainsi que des visites de fermes modèles et des excursions botaniques. Enfin, chaque classe se voyait affecter un jardinet pour des cultures laissées à leur propre initiative.
De la sorte, 1/5 du temps scolaire se trouvait consacré à « la voie à choisir », les 4/5 restant dédiés aux études générales, sans compter les nombreuses activités proposées aux élèves : cercle d'études sociales et religieuses, harmonie, orchestre symphonique, activités sportives diverses.
Les résultats obtenus au sein de cette section agricole, qui ouvrait l’accès aux instituts agronomiques, à l’École des industries agricoles de Douai et à l’École d'horticulture de Versailles, valurent à monsieur Camille Chatelain, l'attribution en 1906, par la société des agriculteurs de France, du prix Felcourt, décerné pour récompenser sa contribution au développement et au progrès apportés à à l’enseignement agricole[3]. Les sections industrielles et commerciale fonctionnaient selon les mêmes principes et objectifs.
La Guerre 14-18 et le départ des Marianistes.
L'école Moderne devait rester ouverte durant toute la guerre 14/18, en dépit des réquisitions dès le 1° octobre 1914 d'une grande partie de ses locaux, pour y accueillir un hôpital temporaire dit n° 4. En septembre 1917, elle accueille aussi les élèves de l'école primaire catholique du faubourg de Ronville d'Arras que dirigeait depuis 1887 Madame Chatelain ; l'école moderne tenait en outre une permanence pour les réfugiés démunis[4].
Monsieur Camille Chatelain quittait en 1922 l'école moderne pour reprendre l'école Ozanam de Lille, entraînant avec lui le retrait des marianistes encore présents à Doullens. Il devait décéder à Lille en juillet 1928, après une longue et pénible maladie, laissant le souvenir d'un homme libre, qui avait consacré toute sa vie à l'éducation et à l 'enfance.[5] Il était resté religieux de cœur et profondément attaché à sa congrégation, où il était le « frère Sinaise»
4°) La nomination en 1932 de l'abbé Dacheux, comme directeur d'Ecole Moderne
Redevenue école diocésaine, la direction de l'Ecole Moderne en était confiée, après le départ de Monsieur Camille Chatelain, à Monsieur Charles Desbiens, puis en septembre 1924 à Monsieur Malle[6], alors directeur de l’École Jeanne d'Arc, avant de passer, en 1928, entre les mains de l'abbé Georges Boury, C'est en juillet 1932 que l'abbé André Dacheux devient le supérieur de l’École Moderne ; sa nomination l'était, selon le vœu de l'évêque d'Amiens, « en union intime avec l’archiprêtre de Doullens », cette collaboration devant ainsi, « en plus du réconfort mutuel, donner à l'école moderne une vie prospère digne du passé et nécessaire à l'avenir »[7] ; entreprenant et dynamique, l'abbé André Dacheux parvint aussitôt à redonner à l'établissement son lustre d'avant[8] et les effectifs d’élèves augmentèrent rapidement au point que, pour accueillir alors les 150 pensionnaires, il achète le château et l 'ancienne huilerie Delgove, qui devient « l'Annexe ». L’École Moderne prenait peu après le nom d’École Montalembert, en hommage au grand défenseur de l'enseignement catholique. Les années suivantes, il fait édifier un réfectoire en 1934, puis la chapelle en 1935[9]. L'architecte chargé des ces constructions semble avoir été Bernard Lissalde[10], qui, élève de l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, où il préparait l'examen du diplôme d'architecte du gouvernement, était depuis 1931, le collaborateur de l'architecte parisien Emile Bois, alors en charge, pour le compte des « Chantiers du Cardinal », de la construction de l'église Saint Pierre Chaillot, avenue Marceau, à Paris (16° arrond)
5°) La création de l’École d'Agriculture de Picardie à Fienvillers
En 1934, soucieux de réactiver la section agricole et de lui donner plus d'ampleur afin de répondre aux attentes des familles d'agriculteurs des alentours, qui souhaitaient que leurs enfants puissent recevoir une formation de qualité, tout à la fois générale, agricole et religieuse, l'abbé André Dacheux décidait de la transférer à Fienvillers, où il négociait avec Jules Billet la reprise de l'ancienne exploitation agricole d'Edmond Vaquette, que les héritiers de ce dernier lui avaient vendu en 1923. Un bail rural, avec promesse d'achat était ainsi obtenu de Jules Billet, portant à la fois sur le château « Vaquette », les dépendances et une parties des terres cultivables.
Dès lors transférée à Fienvillers dans les locaux de la ferme Vaquette, la section agricole, rattachée à l'évêché d'Amiens, prenait son autonomie par rapport à l'école Montalembert, adoptant alors la dénomination « d’École d'agriculture de Picardie » ( E.A.P.) ; l'abbé André Dacheux, qui avait cumulé un temps les fonctions de supérieur de l'école Montalembert et de directeur de l'école d'agriculture de Picardie, était finalement en octobre 1937 nommé par Monseigneur Martin, évêque d'Amiens directeur de l'école d'agriculture ; les fonctions de supérieur de l'école Montalembert étaient, quant à elles, confiées à l'abbé Jean Malgras, professeur de cet établissement depuis 1935.
Pour assurer la gestion de la nouvelle école d'agriculture de Picardie, il avait été constitué une société anonyme au capital de 310 000 francs, et ayant son siège social à Fienvillers ; son président directeur général en était l'abbé André Dacheux, qui conservera ces fonctions jusqu'au 1° décembre 1943, étant alors remplacé par l'abbé Paul Tirard, supérieur de l'école Saint Martin d'Amiens. Siégeaient au conseil d'administration, Jules Billet, propriétaire à Fienvillers, M. Lecocq banquier à Doullens, M. Jean-Marie Bourgeois de Vignacourt et M. Louis Flet de Bernaville.
S'agissant de la scolarité et des enseignements de l’École d'agriculture de Picardie, l'abbé André Dacheux avait repris les grandes options pédagogiques retenues par Monsieur Camille Chatelain pour la section agricole de l’École Moderne. Il y ajoutait une touche personnelle, en y faisant prévaloir, dans une perspective pédagogique, l'esprit scout et plusieurs de ses règles de vie.
Le projet pédagogique, tel que retenu par l'abbé Dacheux, tendait à privilégier un établissement destiné à recevoir des jeunes, afin de les former dans un esprit chrétien, avec une formation agricole, pour être prêts à affronter les difficultés de la vie. Il s'agissait pour lui de mettre des jeunes sur la voie de la vie professionnelle agricole, tout en développant chez ces derniers, spiritualité, courage, esprit d'initiative et dévouement à chacun.
Les élèves étaient répartis en patrouilles avec des responsables d'équipe ; ils portaient une sorte d'uniforme s'inspirant du scoutisme, mais adapté au travail de la ferme : blouson, foulard vert et blanc, culottes de cheval ou anglaises, bottes de cuir à lacets. La journée commençait par un lever des couleurs devant l'ensemble des élèves réunis en carré autour du mât planté dans une cour d'honneur aménagée en partie arrière des bâtiments. Il n'y avait pas de surveillants, l'auto-discipline étant une règle de vie. L'ambiance de l'école se voulait familiale, avec une forte camaraderie.
Répartis en ½ journée, les cours comprenaient des cours d'enseignement général , à savoir mathématiques, physique, zootechnie, biologie, toutes matières en lien avec l'agriculture, et des cours pratiques dispensés dans la ferme intégrée à l'école. Cette dernière avait , en propre, un cheptel diversifié : vaches, cochons et moutons, outre des chevaux dédiés aux travaux des champs ; elle disposait aussi de machines agricoles : tracteur, moissonneuse-batteuse ; il y avait aussi un important poulailler. Tous les élèves prenaient part, à tour de rôle, au fonctionnement quotidien de la ferme, avant et après les heures de cours, y apprenant sur le tas les rudiments de la vie agricole. Chaque équipe participait aussi directement et de manière régulière à toutes les activités habituelles d'une exploitation agricole, des semailles à la moisson, en passant par l'entretien des bêtes.
L'encadrement des élèves était assuré à la fois par les prêtres chargés des enseignements généraux, par un aumônier et par un chef de culture.
En fin de scolarité, d'une durée de 2 ans, un diplôme était remis aux élèves sous l'égide de la société des agriculteurs de France ; ce diplôme, reconnu par le Ministère de l'agriculture, équivalait alors au CAP agricole. Gérard Ansart en avait conçu le dessin de ce diplôme, avec un fond décoratif d'épis de blés stylisés, que surmontait le nom de l'école écrit en belles lettres décoratives, dont Gérard Ansart avait le secret.
6°) Centre Rural International
Ainsi qu'il en avait pris l'habitude, dès son arrivée à l’École Moderne, l'abbé André Dacheux emmenait avec lui en voyage d'études à l'étranger un groupe d'élèves et professeurs durant les vacances de Pâques. C'est ainsi qu'au printemps 1937, il avait conduit une quarantaine d'élèves du collège Montalembert et de l’École d'agriculture de Picardie en Bulgarie. Une délégation fut reçue au palais royal de Bucarest et l'abbé André Dacheux adressa à cette occasion un message diffusé sur la radio bulgare, où il plaidait pour le développement des échanges internationaux entre jeunes, afin de favoriser l'entente entre pays. Bientôt, il eut l'idée, pour mieux concrétiser ce souhait de contribuer à rapprocher les jeunes élites agricoles de tous les pays et de faciliter des échanges de séjours, d'ouvrir aux côtés de l'école proprement dite, un Centre Rural International.
La première pierre de la maison d'accueil du futur C.I.R devait être posée à la mi-juin 1939 par le sénateur Paul Benazet, ancien ministre[11], en présence de l'ambassadeur de la Roumanie, ce qui apporte un éclairage sur l'entregent et les hautes relations de l'abbé André Dacheux. Celui-ci avait ainsi réussi à obtenir la participation de plusieurs pays européens pour le financement du futur Centre Rural International, qu'il concevait dans une vision européenne, que promouvait notamment le sénateur Paul Bénazet. La déclaration de guerre arrêta net les travaux, qui ne reprirent que bien après la fin des hostilités, sous la direction de l'abbé Bray, en sa qualité de directeur du collège Montalembert.
La cérémonie de la pose de la première pierre avait été suivie, le 17 juillet 1939, de la bénédiction de la nouvelle chapelle de l’École d'Agriculture de Picardie par Monseigneur Martin, évêque d'Amiens[12], en présence de Monseigneur Valerio Valeri, nonce apostolique alors en poste à Paris[13]. Y assistaient Nicolas Pillat, conseiller à l'ambassade de Roumanie à Paris, et Monsieur De Clermont-Tonnerre, député de la circonscription.
7°) La construction des locaux de l’École d'agriculture de Picardie et du Centre Rural International
L'abbé André Dacheux avait, dans un premier temps, fait édifier, courant 1937/38, de nouveaux locaux d'hébergement ainsi qu'une chapelle, prenant appui contre la façade arrière du Château Vaquette. Ces constructions avaient été réalisées dans un style moderne, sur les plans des architectes Bernard Lissalde, alors tout récemment diplômé et Maurice Thorel, architecte résidant à Amiens et intervenant régulièrement pour la ville de Doullens[14].
Située en avant-corps, la chapelle présente en façade un haut pignon triangulaire, délimité par les rives légèrement saillantes d'une toiture de tuiles rouges à double pan ; au centre de cette façade recouverte d'un crépi jaune, une grande arcade en tiers-point et soulignée par un rang de pierre brute, donne accès à un narthex ouvert sur les côtés, et éclairé au niveau du rez-de-chaussée, de part et d’autre de la grande arcade, par 4 petites baies en arc brisé, venant structurer ce pignon, surmonté d'une croix massive en pierre ; sous cette croix, une sculpture de pierre représentant le Christ ressuscité, surmonte la grande arcade. Cette sculpture est l’œuvre de Bernard Lissalde. D'un style tout à la fois moderne et rustique, opposant les pierres brutes de l'arcade au nu du mur recouvert de mortier, cette façade conçue dans un esprit se voulant « régionaliste, traditionaliste et religieux » marque par son ampleur et sa simplicité.
Il en est de même de la chapelle proprement dite : de plan rectangulaire, avec une nef unique, délimitée par une grande arcade de pierres taillées, ouvrant sur un chœur rectangulaire à fond plat, la chapelle est couverte par une haute voûte en arc brisé, lambrissée en bois et portée par des fermes apparentes. De chaque côté, trois séries de doubles baies géminées en arc brisé éclairent l'intérieur. Seules, les baies gauches de la nef, ont été dotées d’ un ensemble de vitraux réalisés par la maison MAUMEJEAN Frères, dans un style résolument moderne, faisant ainsi corps avec l’intérieur de la chapelle, dont la sobriété du décor vient mettre en valeur ces vitraux aux coloris bleu, rouge et jaune, et formant une sorte de tapisserie lumineuse intense . Il est à mentionner que la firme Maumejean avait réalisé les vitraux de l'église Saint Pierre de Chaillot, et son intervention à Fienvillers a été vraisemblablement suggérée par Bernard Lissalde à l'abbé André Dacheux.
Ces vitraux aux motifs purement géométriques, sont constitués par des cabochons en verre épais, de forme circulaire, rectangulaires ou triangulaires, qui, coulés dans des moules différents, ont été retouchés, et pour certains écaillés au marteau, selon un procédé mis au point par l'atelier Mauméjean[15]. Ceux-ci avaient en effet fait breveter un système de cabochons en verre épais, destinés à servir de bordure de vitrail et présentant plusieurs nuances de coloris .
Si les vitraux répètent, en les alternant, les mêmes motifs géométriques à partir de montures de fer déterminant 8 panneaux selon un axe vertical médian, ils tirent leur originalité tout à la fois de leur luminosité, de leur épaisseur et de l’irrégularité de leur surface, donnant des variations subtiles de fragrances lumineuses.
Ainsi qu’exposé par Carl MAUMEJEAN dans un article publié en Octobre 1925 « du choix des verres dépend de la réalisation grandiose d’un beau carton.. (il faut) laisser à la richesse naturelle de la matière le soin de vibrer seule dans sa triomphante splendeur » ; la modernité des verrières conçues par la Maison Mauméjean pour la chapelle de l’École d'Agriculture de Fienvillers provient de la force de la couleur, qui a été « voulue… précieuse dans sa qualité, belle dans ses tonalités et nouvelle dans ses épaisseurs multiformes » Elles se révèlent comme de « véritables tableaux de lumière », entraînant au recueillement, à la réflexion et à la prière. Il ne peut qu'être regretté que cette décoration de vitraux n'ait pas été achevée, et que les baies de droite aient été dotés de verres de couleur jaune dorée unie.
Derrière la chapelle, les architectes ont élevé un bâtiment de 2 étages, dont les ailes viennent encadrer à l'arrière le corps central de la chapelle et qui vient prolonger la façade latérale sur le jardin du château Vaquette. L'étroitesse de ses façades était compensée par une composition symétrique, venant si besoin souligner le rôle de liaison et de dégagements intérieurs, qui lui était assigné, tout en servant d'arrière-plan au parvis de la chapelle.
Concernant le Centre Rural International, qui apparaît avoir été conçu postérieurement à la chapelle, les architectes avaient prévu de le construire dans le prolongement de ce bâtiment élevé à l'arrière de la chapelle. Il consistait en un long bâtiment haut de 2 étages, sur rez-de-chaussée surélevé et comportant un corps central percé, en rez de chaussée, d'une suite de 6 grandes arcades cintrées, que venaient encadrer, de chaque côté, 2 oculi ; les baies des étages étaient, quant à elles, rectangulaires. De part et d'autre de ce corps central, deux grands massifs de maçonnerie, formant ailes, celle voisine de la chapelle était percée aux étages de 3 baies géminées étroites, et au rez-de-chaussée de 2 petits oculi encadrant deux petites baies carrées ; l'autre aile était complètement aveugle ; l'architecte s'était efforcé, dans une composition de tradition classique, à la fois de structurer par le rythme des baies, cette longue façade et de la lier au bâtiment élevé derrière la chapelle, de manière à établir, depuis le jardin, où était prévu d'aménager la cour d'honneur de l'école avec son mât central, un arrière-plan cohérent et d'une certaine ampleur.
8°) La Guerre 1939/1945.
A la déclaration de guerre, en septembre 1939, les travaux du Centre Rural International étaient bientôt arrêtés et l'école, réquisitionnée pour y loger des troupes anglaises ; en mai 1940, après l'armistice, elle était utilisée par les allemands, pour y regrouper durant plusieurs semaines, les soldats français faits prisonniers. La poursuite des hostilités s'accompagnait de la disparition des financements qu'avaient réussis à obtenir l'abbé André Dacheux et le Centre Rural international resta en l'état d'inachèvement.
Ce n'est qu'en octobre 1941 que l’École d'Agriculture de Picardie put reprendre utilement ses cours et accueillir à nouveau des élèves La promotion 40/43 prenait le nom de promotion « Philippe Pétain » ; il est vrai que le mode de fonctionnement de l'école n'était pas très éloigné des camps de jeunesse, ce qui a sans doute facilité son redémarrage.
Pour autant, la vie de l’École y était précaire et rude : les bombardements, visant notamment le terrain d'aviation remis en activité par les occupants, les postes de DCA, qui le protégeaient et plus tard, en 1944,une rampe de V1, tombaient régulièrement et dangereusement aux abords de l’École, tandis qu'à proximité se trouvait dans une ferme voisine, un cantonnement allemand. A de nombreuses reprises, les élèves sont venus renforcer les équipes de défense passive, participant aux premiers secours et au déblaiement des immeubles détruits par les bombes.[16]
L'épisode le plus dramatique, auquel fut confronté l'établissement, a été l'arrestation de son directeur, l'abbé Paul Renard[17], qui avait repris la direction de l'école, en remplacement de l'abbé André Dacheux, qui aurait été appelé un temps à Paris, pour y exercer des fonctions diplomatiques. L'abbé Renard avait été, quant à lui, démobilisé après avoir combattu avec courage, ce qui lui avait valu d'être cité à l'ordre de son régiment et de son corps d'armée. De retour à Miraumont, dont il était le curé depuis 1936, il s'était engagé dans l'action clandestine de résistance, avant de rejoindre, sans doute au début de l'année scolaire 1942/1943, l'école d'agriculture de Picardie, où il continua ses activités clandestines. C'est ainsi que s'étant rendu à Fienvillers, le 11 novembre 1942, des agents de la Gestapo l'avaient appréhendé, alors qu'il célébrait la messe devant les élèves. La consternation fut totale, mais suscita parmi eux un esprit de résistance et de patriotisme, qui facilita la présence dans l'école, dans la suite de l'occupation, d’élèves venus y trouver refuge pour se soustraire aux réquisitions du STO. Ce sera avec une profonde émotion et une joie totale, que les élèves accueillirent en 1945, leur ancien directeur à son retour du camp de Dachau où il avait été interné à à la suite de son arrestation.
Quelques mois après l'arrestation brutale de l'abbé Jean Paul Renard, un nouveau directeur était désigné par l 'évêché en la personne de l'abbé Pierre Bourgeois, aidé dans sa tâche par Paul Burdin, ancien élève, qui , démobilisé, avait accepté d'encadrer les équipes d'élèves, comme chef de travaux.
Entre temps, consécutivement à la déclaration de guerre, la situation financière de l’École était devenue plus que difficile ; les fermages n'étaient, entre autres, plus payés. Les travaux du CRI avaient été arrêtés faute d'argent. Un accord intervenait en janvier 1940 entre les héritiers de Jules Billet et la SA La Scolaire ; l'exploitation agricole, à savoir les terres cultivées et pâtures, ainsi que les bâtiments d'exploitation, était rachetée par Juvence Miennée, agriculteur et exploitant forestier à Amette (62) ; ce dernier renouvelait au profit de la SA la Scolaire le bail rural en cours, les fonds provenant de la vente servant à apurer l’arriéré des loyers. Le château Vaquette, la chapelle et le CRI restaient, quant à eux, la propriété du diocèse d'Amiens, qui les mettait à la disposition de l’école d'agriculture de Picardie, sous le couvert du collège Montalembert.
L'école a pu ainsi se maintenir en activité pendant toute la durée de la guerre, sous la direction de l'abbé Pierre Bourgeois, qui restera en fonction jusqu'en 1947. Trois promotions d'élèves furent ainsi accueillies entre 1940 et 1944 ; la promotion 42/44 adoptant le nom de « Maréchal Liautey ».
En 1947, un grave incendie se déclarait dans les greniers des communs, détruisant plus de la moitié des bâtiments d'exploitation ; si ces derniers furent reconstruits dans le respect de leur style normand, avec leurs colombages apparents, grâce aux subsides avancés par Monsieur Juvence Miennée, le fonctionnement de l'Ecole n'en fut pas moins fortement perturbé. La promotion d'élèves alors présente, et baptisée du nom de « Pierre Cathieni », ancien professeur fusillé par les allemands[18], comptait 15 élèves ; 11 d'entre eux obtinrent leur diplôme de sortie.
L'abbé Pierre Bourgeois prépara donc la rentrée de septembre 1947, avant de quitter ses fonctions, pour pendre en charge la paroisse de Quevauvillers ; l'abbé Thierry, professeur en charge des enseignements généraux, lui succédait en tant que directeur. L'établissement avait alors un effectif d'une centaine de personnes, y compris le personnel. Néanmoins, le contexte économique difficile de l’après-guerre, l'évolution rapide des techniques agricoles, auxquelles il convenait de familiariser les élèves, nécessitant l'acquisition de matériels récents, aussi une certaine désaffection des familles, entraînant une baisse des inscriptions, conduisirent le conseil d'administration à envisager la fermeture de l'établissement ; la décision fut prise le 18 mars 1951 en présence de l'abbé Paul Tirard, toujours président du conseil d'administration. L’École ne rouvrit donc pas à la rentrée scolaire 1951/1952.
L’exploitation proprement dite devait être reprise par un cultivateur belge puis par Monsieur Jean Delespierre, venu du Nord ; l’évêché conservait les locaux scolaires, qui étaient réaffectés à l’Ecole Montalembert de DOULLENS.
L'abbé Bray, qui avait repris en 1963, à la suite de l'abbé Durand, la direction du collège Montalembert, renommé plus tard le lycée Montalembert, poursuivit la modernisation de l'établissement, tandis que les élèves y affluaient. Avec un véritable esprit d'entreprise, il fit construire entre 1966 et 1985, de nombreux nouveaux locaux, salle de sport, annexes, pavillon d'Authie, … Il ré-ouvre l'ancienne école d'agriculture de Picardie, pour en faire une annexe, où sont logés les élèves pensionnaires des classes terminales ; il achève, pour ce faire, les aménagements intérieurs de CRI, restés en suspens depuis 1940 ; lui-même s'installe au château Vaquette. A cette occasion , les façades du CRI sont modernisées par un habillage de bardage de couleurs.
L'école d'Agriculture de Picardie retrouvait une nouvelle vie, peut-être moins ambitieuse que celle imaginée par l'abbé André Dacheux, mais ayant toujours vocation à former les jeunes à leur vie d'adulte. Il est à mentionner qu'entre 1987 et 1992, un groupe d'anciens élèves avaient tenté sans résultats la réouverture de l’École d'Agriculture de Picardie, avec le concours du Centre régional de l'enseignement agricole privé, que prédisait Monsieur Gilbert Martin. [19]
La famille Delespierre s'orientait, quant à elle, vers de nouvelles activités agricoles, ainsi la semence de pommes de terre, transformant à cet effet les dépendances de l'exploitation, qu'elle avait acquise des héritiers Miennée. Tout en respectant leur physionomie générale, elle convertissait les anciennes écuries et atelier en logements d'habitation.
Las, en 2013, le lycée Montalembert, confronté à une baisse durable des effectifs d'élèves, décidait de fermer son annexe de Fienvillers et rendait les locaux de l'ancienne Ecole d'Agriculture de Picardie à la fondation Saint Firmin.[20]
Pierre Foucart- 2019
[1]Dacheux André Paul Eugène (Airaines, 10 juillet 1903, Berck-sur-Mer, 13 avril 1971). Surveillant au collège de la Providence pendant les années 1929/30, il est ordonné prêtre à Amiens le 26 juin 1930, et nommé curé de Dompierre sur Authie, avant d'être appelé, le 17 juillet 1932, à la direction du collège Montalembert, comme supérieur ; en 1936, il devient directeur de l'école d'agriculture de Fienvilliers ; il se retire en 1942 à l 'abbaye du Bec-Hellouin ; en 1963, il est attaché aux œuvres pontificales de la Sainte Enfance à Paris. Il se retirera à Berck, où il décède en avril 1971.
[2]Retel Marie Alphonse Simon, né le 18 février 1861, il a été nommé en novembre 1904 curé de Longpré-les-Corps Saints, où il est resté en fonction jusqu'en 1928.
[3]Dictionnaire biographique historique illustré du département de la Somme, éd. J. Jouve, 1910, p. 971 et suiv ; « Ecole Moderne à Doullens ».
[4]Le Lion d'Arras du 5 septembre 1917, Archives départementales du Pas de Calais, PP 92/2.
[5]Journal Le Petit Doullennais du 14 juillet 1928.
[6]Journal Le Petit Doullennais du 19 juillet 1924, n° 19 ; les résultats de l'année scolaire 1923/24 avaient été de 2 brevets élémentaires et de 13 certificats d'études primaires, (le Petit Doullennais du 9 août 1924).
[7]Le dimanche des 17/21 juillet 1932, n° 3696, p. 294.
[8]L'abbé André Dacheux, supérieur de l’École Moderne, sera début juillet 1933 nommé chapelain de Notre-Dame par décret épiscopal, ( Le Dimanche du 9 juillet 1933).
[9]Le Dimanche du 28 juin 1936, n° 3294, p. 2169, évoque la kermesse de l'école Montalembert, réalisée au profit de la chapelle de l'école. L'architecte Maurice Thorel, d'Amiens pourrait aussi avoir apporté sa contribution à cet ouvrage.
[10]Bissalde Bernard jean ( Bayonne, 17 août 1907- Tours, 1968) élève de l'Ecole Nationale des beaux-arts de Paris, où il est entré en mars 1924, il obtint son diplôme d'architecte en février 1937, avec pour sujet un centre de maladies canines avec hôpital ; admis en 2° classe en juillet 1932, il avait obtenu plusieurs médailles lors de concours internes ( Rougevin et Eustache). Il a travaillé pendant sa scolarité de 1931 à 1938 comme assistant d’Émile Bois, architecte parisien , et a collaboré notamment à la construction de l'église Saint Pierre de Chaillot ; il s'installe en 1947 à Tours où il fonde une agence en association avec Michel Vallée (1908-1973). Il enseigne un temps l'architecture à l'école des Beaux-Arts de Tours et sera par la suite expert judiciaire. Son intervention en Picardie s'expliquerait par ses relations avec l'abbé André Dacheux. Il a travaillé alors avec l'architecte amiénois Maurice Thorel.
[11]Benazet Paul Louis Théodore (Paris, 24 février 1876- Paris, 23 septembre 1948) ; fils d'un député-sénateur, il se destinait à la carrière militaire, mais démissionna à la suite des grèves de Saint-Etienne et se présenta aux élections législatives du 6 mai 1906 dans la circonscription du Blanc,(Indre). Elu dès le 1° tour, sous l'étiquette de républicain socialiste, il s'intéresse aux questions de défense ; en 1932, il devient sénateur ; proche d’Édouard Daladier, il est nommé secrétaire d'état à l'enseignement sportif puis technique, entre 1924 et1926 ; maire de Mérigny de 1919 à 1925, puis président du conseil général de l'Indre, il sera aussi président de la chambre d'agriculture de l'Indre à partir de 1933. Il a été un précurseur du mouvement européen et a fondé l'association « l'entente européenne ». Sa présence à Fienvillers n'était pas anodine et témoignait des engagements personnels de l'abbé André Dacheux, au delà de sa mission de prêtre.
[12]Le Dimanche , du 6 août 1939 ,n° 3450, « chronique diocésaine », p. 309
[13]Le Petit Parisien, du 23 juin 1939, Pose de la première pierre ... à Fienvillers.
[14]Thorel Maurice (Amiens, 28 août 1885- Amiens, 21 décembre 1970) fils d'un magistrat de la cour d'appel d'Amiens et membre assidu de la société des antiquaires de Picardie, Maurice Thorel a été élève du lycée d'Amiens et de l'école régionale des Beaux-arts d'Amiens, que dirigeait Albert Roze ; il poursuit sa formation d'architecte à Paris auprès de Genuys et de Félix Aubert ; en 1906, jeune marié, il s'installe à Amiens ; il participe aux multiples manifestations artistiques de la ville ; il réalise, en collaboration avec l'architecte Delarue plusieurs constructions dans un style art moderne. Démobilisé en 1919, il reprend son activité d'architecte ; il estl'auteur du monument des élèves du lycée d'Amiens, morts pour la France, le groupe sculpté étant d' Auguste Carvin.
Il devient architecte de la ville de Doullens, de la caisse d'épargne d'Amiens ainsi que de la société d'habitation à bon marché d'Amiens ( il est ainsi l'auteur de la résidence étudiante de La Veillière en 1933). Après la guerre 39/40, il reconstruit entièrement l'usine BVR de Corbie. L'une de ses dernières œuvres sera l'église paroissiale saint Paul d'Amiens, dont les plans seront remaniés par l'architecte Bougeault.
Il a exposé pendant de longues années aquarelles et dessins dans les salons de la société des amis des arts du Département de la Somme
[15]) Créé vers 1860 à Pau par Jules Pierre Mauméjean, ( 1837-1909), peintre-verrier, qui avait été formé par son père Pierre Mauméjean, peintre sur faïence ,originaire de Dax, l'atelier Mauméjean créa de nombreux vitraux dans le Béarn et en Espagne, où il avait ouvert, dès 1898, une succursale, qui comportait en 1908 3 ateliers, dépendant de la SA Mauméjean Hermanos, sous la direction des deux fils aînés de Jules Pierre Mauméjean, Joseph et Henri, qui mirent fin à leurs activités dans le Sud de la France et en Espagne par suite des deux incendies successifs de ses ateliers sis à Hendaye, en 1927 et en 1936. Charles Emile Mauméjean, dit Carl, dernier fils de Pierre Jules, (1888-1957) s'installa, quant à lui, en 1921, à Paris, où la société Mauméjean frères fixa son siège social ; elle y développa avec succès, une activité de vitraux et de mosaïque, qi prit fin en 1957, au décès de Carl Mauméjean. Ayant acquis une notoriété internationale, la maison Mauméjean Frères avait obtenu un grand prix à l'exposition internationale des arts décoratifs modernes de Paris en 1925. Elle a réalisé les vitraux de nombreuses églises du Nord Pas-de-Calais, ; ses créations apparaissent peu originales , dénotant un éclectisme quelque peu commercial , allant du pastiche du vitrail-tableau du XIX° aux verrières Art-Déco.
[16]En 1944, les allemands construisirent une rampe de lancement de V1 nouveau type ; l'aviation américaine bombarda Fienvillers et ses alentours en juin 1944, avec le largage de 1 500 bombes devant viser le site de Bois Carré ; 16 maisons du village furent alors détruites et 4 habitants tués.
[17]Jean-Paul Renard, (Tonnerre, 14 juillet 1902- Rouen, 28 juillet 1981. Issu d'une famille de militaires, il a pratiqué jeune le scoutisme, il est entré au grand séminaire de Nevers, puis a poursuivi ses études ecclésiastiques à Amiens, où il est ordonné prêtre en 1932. Envoyé auprès de l'abbé Papillon, comme aumônier-adjoint au préventorium de Valloires, il est nommé curé de Miraumont en 1936. Mobilisé en septembre 1939 au 302° régiment d'artillerie, il se conduit avec bravoure et courage ; rendu à la vie civile, il reprend son poste paroissial de Miraumont, et s'engage dans le réseau Confrérie Notre-Dame-Castille, (CND-Castille), constitué et animé par le commandant Rémy ; il y accompli un travail d'agent de renseignements. En 1942, il rejoint l’École d'agriculture de Picardie à Fienvillers. Voir sa notice biographique aux Arch Dép. Somme 26 j 36, fond André Sellier. Le Journal paroissial d'Amiens Vivre ensemble a publié en juin 2010 à son sujet une notice sous la plume de Firmin Lemire. L'abbé jean-Paul Renard a publié un recueil de textes évoquant ses épreuves dans les camps de Buchenwald et Dachau ; « Chaînes et Lumière », écrits de 1942 à1949.
[18]Pierre Cathieni, né le 14/12/1918 à Paris 14°- Mort pour la France le 23 août 1944 à Saint Pierre d'Abligny(73), militant FFI ; sous les drapeaux en 1938, il avait été promu caporal peu de temps avant la déclaration de guerre.
[19]Le Courrier Picard du 13 septembre 1987. « Fienvillers, l'école d'Agriculture revoit ses anciens ».
[20]Le Courrier Picard du 1° août 2015, « Quel avenir pour le site de l'évêché ? »