L'Oeuvre des frères Duthoit à la cathédrale d'Amiens
À L'EXTÉRIEUR DE LA CATHÉDRALE
Bibliographie: Aimé et Louis Duthoit par Raphaële Delas
Les frères Duthoit à la Cathédrale
Pendant plus d’un demi-siècle, nos artistes se sont attachés à inventorier sur des carnets, les monuments de leur ville natale de façon presque exhaustive. Peu de monuments ont échappé à leurs crayons. Ils dessinaient comme nous, nous photographions. Ils ont accompagné leurs dessins de détails architecturaux qui rendent aujourd’hui d’énormes services aux historiens de l’art. La cathédrale d’Amiens fait partie des constructions que les deux frères ont le plus dessinées.
Au décès de leur père en 1825, Aimé a 22 ans et Louis 17 ans. Les deux frères Duthoit reprennent alors l’atelier de sculpture. A partir de ce moment commence une grande histoire d’amour avec la Cathédrale d’Amiens qui ne s’arrêtera qu’avec le décès des deux frères : Aimé, en 1869 et Louis, en 1874.
Que ce soit avec Jean Herbault, Auguste Cheussey, ou Daniel Ramée, les frères Duthoit ont collaboré avec tous les architectes chargés de restaurer la Cathédrale. Mais c’est avec Viollet-le-Duc nommé architecte diocésain en 1849, que la collaboration fut la plus grande.
Toutes les statues des Duthoit (1) sur la façade occidentale et les tours ont été exécutées selon les dessins de Viollet-le-Duc. Mais il arrivait souvent que les sculpteurs modifient les croquis de l’architecte pour ajouter une note personnelle et créative.
(1) statues cerclées de rouge sur la photo ci-dessous
Placé au sommet du gâble du grand portail, cet ange d'une hauteur de 2,70 mètres remplace vers 1850, la statue de Saint-Michel terrassant le démon. La statue a été réalisée d'après un dessin de Viollet-le-Duc.
Ces statues mesurant 2,20 mètres de hauteur se trouvent sur la partie supérieure de la tour nord, sous les ouvertures. La complexité du traitement des étoffes superposées au tombé ample est une des caractéristiques du style des frères Duthoit.
La galerie des Rois
Cette statue monumentale, entièrement refaite, mesure 3,5 mètres de haut et appartient à la galerie des Rois. Le dessin retrouvé dans l'album 12, folio 58 nous a permis d'attribuer cette refection à Louis Duthoit.
Bibliographie: Aimé et Louis Duthoit par Raphaële Delas
Quant à la Vierge Marie, refaite entièrement par les frères Duthoit, en 1859, c'est un des plus beaux drapés de vêtements de la Vierge de toute la Cathédrale.
Sur la façade latérale de la tour nord (partie supérieure), se trouve cette Vierge à l'Enfant d'une hauteur de 1,90 mètre. On peut admirer la disposition du plissé de la robe et de la coiffe ainsi que l'attitude de l'enfant Jésus avec son visage rond plein de candeur.
Les six rois musiciens qui sont d'une hauteur de 1,50 mètre constituent un ensemble réalisé d'après les dessins de Viollet-le-Duc. Ils sont situés sur le chevet de la Cathédrale et peuvent être photographiés du sol.
Viollet-le-Duc, architecte de la Cathédrale de 1849 à 1874, a marqué de son empreinte la restauration du prestigieux monument, de façon très personnelle. Il a fait sculpter son visage dans un cul-de-lampe sous la statue du prophète Nathum, à l’angle du grand portail, avec son regard tourné vers d’autres prophètes comme pour signifier : « Voilà mon œuvre !». Les frères Duthoit ont exécuté les ordres du Maître Viollet-le-Duc, qui a ainsi laissé sa signature sur le monument, comme il l’avait fait à Notre-Dame de Paris, quand il avait fait remplacer le visage de saint Thomas, patron des architectes, par le sien.
L'ange au pied de la cathédrale est en fait un épi de faîtage d'une hauteur de 1,40 mètre. L'ange qui tient un écusson dans la main gauche porte une lance dans la main droite, instrument de la passion.
Source: Monographie de la Cathédrale N-D d'Amiens par Georges Durand, tome 1, p. 524
A L'INTÉRIEUR DE LA CATHÉDRALE
Saint Louis- Chapelle Saint-Sébastien
La statue de Saint-Louis
Cette statue en pierre mesure deux mètres de haut et porte exceptionnellement la signature : « Duthoit- 1832 ». Elle est située à droite de l’autel de la chapelle Saint-Sébastien, appelée aussi la chapelle du Pilier Vert. A gauche, se trouve la statue de Saint-Roch, exécutée par Nicolas Blasset.
En 1831, on demande à Louis Duthoit de remplacer la statue de Saint-Louis, détruite à la Révolution. Notre sculpteur réalise ici sa première œuvre importante dans la Cathédrale. Il n’a que 25 ans et son grand mérite est d’avoir su se fondre de manière prodigieuse dans le style de Nicolas Blasset.Quelques détails pittoresques sont ajoutés comme le galon et les pompons du vêtement ainsi que le matelassage du revers du bouclier.
Saint Joseph et l'Enfant Jésus
La statue de Saint-Joseph et l’Enfant Jésus
Exécutée un an après la statue de Saint-Louis, cette sculpture représente une nouvelle prouesse de Louis Duthoit.
Raphaële Delas écrit à propos de ce chef d'oeuvre:
« L’œuvre témoigne de la dextérité de Louis Duthoit qui parvient à allier la monumentalité à l’élégance, à la sensiblilité et à la nervosité du ciseau ». Ces deux statues serviront désormais de références à l’atelier Duthoit.
Saint Vincent de Paul- Sur les marches du Choeur
Saint Vincent de Paul
Sur la gauche des marches qui conduisent au Chœur de la Cathédrale se trouve la statue en pierre de Saint-Vincent de Paul réalisée, en 1837. Saint Vincent, en surplis, regarde avec compassion deux enfants étendus à ses pieds.
La Vierge processionnelle du Choeur appelée"la Mondaine"
Cette statue processionnelle réalisée en 1835 a trouvé sa place dans la Chœur de la Cathédrale. Elle est considérée par Jacques Foucart-Borville comme le chef d’œuvre de jeunesse de Louis Duthoit.
« La Vierge debout, légèrement hanchée, dans l’attitude de la marche, élève dans ses bras, son Fils. Les mouvements sont soulignés par l’envolée du voile de Marie, le jeu des plis des étoffes de son vêtement. Le visage de la Vierge est empreint de tendresse mêlée d’une gravité sereine : cette ombre de tristesse marque aussi la visage de l’Enfant. Le socle est orné sur sa base d’angelots joufflus qui évoquent ceux de Nicolas Blasset ».
Bibliographie : « Le trésor de la Cathédrale d’Amiens ». A.D.1987. p. 118.
Le Reliquaire de Saint-Jean-Baptiste
Croisée du transept nord
Le reliquaire de Saint-Jean-Baptiste fut réalisé en 1838 par l'atelier Duthoit, sur commande des chanoines pour remplacer l'ancien reliquaire du saint.
Les Duthoit nous donnent ici un exemple de mobilier néogothique et nous montrent aussi leur talent d'ornemaniste.
Le Lutrin de la Cathédrale
Chapelle de la nef côté sud
Dans la chapelle de l'Annonciation dite Notre-Dame de Foy
Le lutrin en fonte surmonté d’un aigle en bois doré repose sur un pied où sont sculptés trois anges musiciens. Dessiné par les frères Duthoit, c’est une réalisation de l’atelier qui nous montre que les dessinateurs sculpteurs peuvent intervenir dans tous les domaines et surtout celui qui concerne le mobilier de l’église.
Le Christ de la nef
Dans la nef, face à la chaire
Ce Christ en bois peint imitant la pierre est une réalisation de Louis Duthoit, en 1844, suite à une souscription lancée par le comte de Betz. Il semble que notre sculpteur se soit inspiré du Christ de Girardon qui se trouve dans l'abbatiale de Saint-Riquier
TROIS CHAPELLES RAYONNANTES: CHAPELLE DE LA VIERGE, CHAPELLE DU SACRÉ COEUR ET CHAPELLE SAINTE THEUDOSIE
Chapelle axiale ou chapelle de la Vierge dite de la Petite Paroisse
La chapelle axiale ou chapelle de la Vierge
L’autel pyramidal est une réalisation des frères Duthoit sur un dessin de Viollet-le-Duc.
Les quatre anges thuriféraires (qui portent l’encensoir)) à la base de la pyramide ainsi que les deux anges céroféraires (qui portent un cierge) posés sur un pilier avec chapiteau de chaque côté de l’autel ont été exécutés par l’atelier Duthoit.
Six reliefs en pierre d’une hauteur de 33 cm chacun composent le retable de l’autel ; ces sculptures racontent des épisodes de la vie de la Vierge :
L’Annonciation, la Visitation, l’Annonce aux Bergers, le Massacre des Innocents, l’Adoration des Mages et la Sainte Famille.
Derrière l'autel de la chapelle axiale ont été sculptées discrètement par les frères Duthoit, ces petites têtes les représentant ainsi que l'architecte Viollet-le-Duc avec qui, ils ont beaucoup collaboré.
Chapelle du Sacré Coeur
La Vierge à l’Enfant de la chapelle du Sacré Cœur
La Vierge qui porte l’Enfant Jésus avec un oiseau dans ses mains, est en bois peint et doré. Elle écrase de son pied droit un monstre aux pattes antérieures griffues, mais avec un visage de femme, ce qui est rare et surprenant.
La Vierge processionnelle est habillée d’une longue tunique avec une ceinture ornée de pierreries. Elle repose sur un socle hexagonal à deux étages très ouvragé, où sont sculptées sur l’un des scènes de l’Ancien Testament, tandis que l’autre a reçu sur son pourtour des médaillons quadrilobés couverts de symboles.
Chapelle Sainte-Theudosie
Dans la chapelle rayonnante dédiée à Sainte-Theudosie
En 1853,pour recevoir les reliques de la Sainte amiénoise Theudosie, l'évêque, Mgr de Salinis demande à Viollet-le-Duc de rénover l'ancienne chapelle Saint-Augustin. Les frères Duthoit sont chargés d'exécuter la commande et réalisent là un nouvel autel pyramidal dans lequel est inséré un tabernacle et une châsse contenant les reliques.